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Les « Quick Halal », une sérieuse entorse à la laïcité française

 

Un organisme public ne peut acquitter un impôt religieux

La chaîne de restauration rapide « Quick », numéro 2 sur le marché français, vient de provoquer une polémique en consacrant 14 de ses enseignes – principalement en Île-de-France, sur 470 établissements- exclusivement à la vente de viandes préparées selon les spécifications de la loi musulmane, la Chariaa.

Cette grave entorse à la laïcité, c’est à dire à la séparation entre les religions et l’État, n’aurait pas eu de fondement si l’actionnaire unique de cette entreprise avait été autre que l’État français, en l’occurrence l’organisme public dépositaire de l’épargne des français, à savoir la Caisse des dépôts et consignations, estime l’Observatoire international de la laïcité, contre les dérives communautaires.

Que des produits conformes aux prescriptions de l’Islam « halal » ou du judaïsme « casher » soient proposés à la consommation dans des rayons dédiés de magasins d’alimentation, ou dans des points de vente spécialisés relevant du secteur privé, en toute clarté de choix pour le consommateur, tout comme des produits bio ou des spécialités culinaires exotiques ou régionales ,dans une offre plurielle libre. ne peut en rien être contraire à la laïcité et à la neutralité de l’État.

Mais il en est tout autrement lorsque l’État se fait le pourvoyeur de pratiques religieuses et l’incitateur au communautarisme.

Cette affaire des « Quick halal » est de la même nature que celle des prêts bancaires de la « finance islamique » qui tente de s’implanter dans la France laïque, et que nous avons dénoncé parmi les premiers. Les justifications avancées ici et là ayant trait au succès commercial, aux profits accrus pour l’enseigne , au marché national porteur ou à la création d’emplois ne changent rien à l’affaire.

En premier lieu il faut souligner que la totalité des produits- carnés ou autres- commercialisés dans ces points de vente doivent être placés sous contrôle et autorisation d’une autorité religieuse, en plus du contrôle sanitaire de la puissance publique : il y a donc autorité partagée de l’État avec une instance religieuse, comme pour la « finance islamique ». S’il en est de même pour l’abattage rituel ou la production de vins et autres produits conformes à la religion juive , dite « cacherout », le financement de celui-ci ne passe nullement par un organisme d’État, il est acquis de gré à gré dans le secteur privé.

La restauration « Quick halal » paye en réalité une dîme religieuse par rétribution du « sacrificateur » qui abat l’animal selon le rite, dont le revenu va pour large part à la mosquée dont il dépend. Trois établissements sont autorisés en France par le ministère de l’Agriculture: la Grande mosquée de Paris, la Grande mosquée de Lyon , et la mosquée d’Évry-Courcouronnes qui délivrent les permis d’abattage. C’est ainsi par exemple que la mosquée d’Évry a agréé en 2010, 140 sacrificateurs et touché ainsi une dîme religieuse. Par ailleurs , le prix de la viande halal, tout comme celui de la viande cacher est aggravé d’un pourcentage qui va directement à l’institution religieuse. Le coordinateur social et éducatif de la mosquée d’Évry ne cache du reste pas que cet impôt religieux sert à payer les charges de sa mosquée : les salaires, le chauffage, l’eau…

Contrairement à certains cantons suisses ou au Landers allemands qui prélèvent directement auprès de tous les assujettis un « impôt religieux » volontaire, rétrocédé aux différents cultes reconnus, la laïcité française l’interdit au nom de l’égalité entre croyants et non-croyants, et de la séparation entre l’État et les religions, pas plus du reste que l’État français ne prélève une TVA spécifique pour les produits bio.

Il faut ajouter que l’organisme indépendant de certification et de contrôle des produits halal (AVS) regrette de n’avoir pas la maitrise exclusive sur l’ensemble du territoire des produits commercialisés sous le label halal: ceci ouvre une autre polémique de la part de tenants de l’application stricte de la Charia, ou d’autres tendances religieuses qui dénoncent la « contamination des viandes » avec d’autre produits non agréés, comme la bière ou des pâtisseries d’origine animale. L’État et ses institutions ne peuvent prendre partie.

Enfin, il est inadmissible qu’un organisme public comme la Caisse des dépôts puisse encourager une pratique religieuse qui est source d’un communautarisme étranger à la tradition française d’intégration, mais fréquent dans certains pays anglo-saxons.

Pour l’Observatoire International de la Laïcité : Jean-Michel QUILLARDET ( président) ; Fabien TAIEB; Gérard FELLOUS; Patrick-Eric LALMY