L’Etat islamique peut-il être arrêté ?

Conférence prononcée dans le cadre de la 6ème Convention nationale du CRIF.

 1ernovembre 2015, au Palais des Congrès de Paris.

 

Panel composé de Mohamed Sifaoui, journaliste ; Pascal Perrineau, politologue ; et Jean-Louis Bruguière, magistrat-  

Modérateur : Michel Zerbib, journaliste.

 

Afin de répondre à la question posée en titre, trois approches et autant de solutions sont possibles :

** La première est militaire : Mise en œuvre depuis plusieurs mois par deux coalitions et plusieurs pays dont la Russie ou la France, elle consiste en des attaques aériennes, complétées par des opérations terrestres menées principalement par les Peshmergas kurdes.

La plus récente des offensives militaires, celle de la Russie, s’est caractérisée par le fait qu’elle a désigné dans le même objectif de lutte contre le « terroriste », aussi bien l’opposition syrienne au régime Assad, que les djihadistes d’Al-Nosra, excroissance locale d’Al Quaïda ou de l’Etat islamique-Daech. A ce jour, cette offensive russe n’a nullement modifié les équilibres de force sur le terrain :

Les moyens ont pourtant été considérables :

*Ces jours derniers, Moscou a mis en œuvre, au large de la Syrie, un groupe naval mené par les croiseurs Moskva et Smetivy, avec l’appui de trois corvettes en mer Caspienne, qui ont envoyé 26 missiles de croisière survolant l’Iran et l’Irak.

*Poutine a également déployé des éléments aériens, basés à Jbel, dans la région de Lattaquié, et ravitaillés à partir de la base russe de Mozdok. Cette armada est composée principalement de 36 avions de combat, 20 hélicoptères, 2 batteries de missiles sol-air, de drones, ainsi que, dans la zone de Hama, des hélicoptères Mi-24 et des lance-roquettes Smerch.

*Il faut ajouter quelque 5 000 hommes à terre, principalement issus de l’infanterie de marine, venus de la Mer Noire.

Quel est le bilan de ce déploiement russe, entre le 30 septembre et le 7 octobre 2015 ?

S’il faut en croire l’Observatoire syrien des droits de l’homme, l’OSDH dont la fiabilité est reconnue depuis longtemps, les raids russes auraient tué 185 civils, parmi lesquels 48 enfants et 46 femmes. Une majorité des combattants touchés- 279- appartiennent à des groupes modérés d’opposition ou des islamistes du Front Al-Nosra, auxquels s’ajoutent, toujours selon l’Observatoire, 131 djihadistes de Daech. Par comparaison, l’OSDH note que les raids de la coalition menée par les Etats-Unis ont éliminé 3 276 combattants de Daech et 146 issus d’Al-Nosra.

Les associations humanitaires de terrain ont accusé à plusieurs reprises l’aviation russe d’avoir bombardé et détruit des hôpitaux et centres de soins à Latamné (Hama), ainsi que dans le nord-ouest du pays.

Ainsi, des moyens lourds ont été mis en œuvre par Moscou, pour de faibles résultats contre Daech, sinon une remise en selle diplomatique de Poutine dans la région.

Ce bilan vient s’ajouter aux 250 000 morts en Syrie, depuis 2011, victimes du régime Al-Assad.

Quant à l’aide militaire russe apportée à l’armée régulière syrienne de Bachar Al-Assad, elle n’a pas permis de modifier sensiblement les lignes de front sur lesquelles les troupes officielles sont engluées,  en dépit de la démarche urgente d’Al-Assad, à Moscou, le 20 octobre dernier.

Parallèlement, l’Iran a envoyé des troupes au sol, soit environ 2 000 Pasdarans (membres du corps des Gardiens de la révolution), sur le front Homs-Alep, aux côtés de l’armée régulière syrienne et  des forces du Hezbollah libanais.

Dans le même temps, ces jours derniers, les djihadistes de Daech ont progressé en s’emparant d’une route vitale pour le régime Assad, reliant Homs à Alep.

Pour le président américain Barack Obama, un engagement militaire n’a pas d’issue. La diplomatie américaine est aujourd’hui persuadée que le maintien en place du régime de Bachar Al-Assad est une garantie de survie pour les djihadistes de Daech.

** La deuxième issue possible relève de la diplomatie classique.

A partir du choc Sunnites/ Chiites, elle implique leurs alliés respectifs, c’est-à-dire principalement :  d’une part les Etats Unis, l’Arabie Saoudite, l’Union européenne et particulièrement la France, et d’autre part l’Iran et la Russie, avec les adjonctions successives de la Jordanie, et de la Turquie.

Les réunions diplomatiques successives, tenues à Vienne ou à Paris, pour un rapprochement des positions sur un accord de transition politique en Syrie, vont s’éternisées. Nous pouvons y revenir.

Mais l’objectif premier de ces manœuvres diplomatiques n’est pas, dans un premier temps l’éradication de Daech, mais le retour d’un Etat cohérent à Damas, qui pourrait ultérieurement s’en charger. Mais dans la zone d’influence de quelles puissances se situerait ce nouvel Etats syrien ?

Le choix de la Russie et de l’Iran aurait été résumé, dans une analyse de l’hebdomadaire « Russia » de Moscou, que j’ai découverte en ligne la semaine dernière. Le projet russe, pour le moins surprenant, serait de créer en Syrie, un « Israël alaouite. » Il s’agirait donc d’une partition du pays.

Qu’il s’agisse d’options militaire ou diplomatique, et en l’absence d’un ou plusieurs leaderships régionaux, comme par le passé, la sortie de crise sera longue, couteuse et incertaine, dans un Proche-Orient en recomposition.

Mais à terme, quelles puissances régionales pèseraient pour y jouer un rôle de gendarme, en l’absence des Etats Unis qui ne souhaitent pas tomber dans ce bourbier, ou de la Russie qui n’en a ni les moyens militaires, ni financiers : Reste alors l’Arabie Saoudite, l’Iran, la Turquie, ou autres ?

Nul ne le sait à ce jour.

** Reste en troisième lieu, la perspective de désamorcer le choc religieux recherché par le califat Daech et sur lequel il prospère, qui oppose les Musulmans entre eux et l’Islam face aux Autres.

 Pour ma part, j’évoquerai une caractéristique du conflit, peu traitée jusque-là, celle du « choc des civilisations ».

Au sein de l’Islam du Proche-Orient la confrontation entre Sunnites et Chiites n’a jamais cessé. Elle a pris des aspects dramatiques particulièrement dans les périodes de l’Achoura,  fête sacrée des Chiites. Dernier avatar, le 16 octobre dernier, le quartier chiite de Qalif, dans l’est de l’Arabie Saoudite était ensanglanté par un attentat revendiqué par Daech. Au mois d’aout dernier, deux mosquées chiites avaient été détruites. Des attaques semblables avaient été perpétrées, depuis le 4 novembre 2014, en Irak, au Liban, en Arabie Saoudite, à Bahreïn.

Il faut ajouter des « chocs » à l’intérieur même de pays à dominante sunnite, hors du Proche-Orient, comme  au Maghreb où des branches extrémistes, dont les Frères musulmans, tentent de prendre l’ascendance. Il en est de même dans des pays européens, parmi les communautés minoritaires sunnites où se sont installés les Salafistes ou les Tablighs.

Attaques religieuses contre Israël.

Il y a un an, en novembre 2014, lors de la cinquième Convention du CRIF, j’avançais l’hypothèse- aujourd’hui vérifiée- que, parallèlement à ces chocs, un second front serait ouvert au cœur même de Jérusalem.

Une fois encore, pour  escamoter ou faire diversion d’une « guerre de religion fratricide », et pour tenter de ressouder une unité factice de la Oumma, le conflit nationaliste israélo-palestinien est remis au premier plan : Cette stratégie d’une autre « guerre religieuse » prend à nouveau son départ sur l’esplanade du Temple, dit des Mosquées, autour d’une remise en question, plus ou moins fondée, du statut quo.

Rien de nouveau aujourd’hui sous le ciel palestinien :

Souvenez-vous qu’en 2014 déjà se multipliaient les attaques à l’aide de voitures-béliers, mais aussi avec des couteaux- ainsi qu’enseigné par la propagande en ligne de Daech et coordonné par le Mouvement de la résistance islamique, implanté à Gaza depuis 2007- faisant morts et blessés parmi la population d’Israël.

Ce que nous constatons, depuis plusieurs jours avec cette « guerre des couteaux », est en réalité une resucée de ce qui éclata, il y a un an déjà, au lendemain du 29 octobre 2014, lorsqu’un tireur blessa grièvement le rabbin Yéhuda Glick, directeur de l’Institut du Temple de Jérusalem. L’engrenage était dès lors enclenché : Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas assimilait aussitôt le contrôle sécuritaire par Israël, de l’accès au Mont du Temple, à « une déclaration de guerre ». Dans son bulletin « Palestine Solidarité », le Centre palestinien d’information  attisait le feu en écrivant alors que : « La résistance des Palestiniens dans al-Qods et la mosquée al Aqsa doit se traduire par notre prise de conscience de cette guerre à l’échelle de la civilisation. »

Pour certains analystes, les jeunes palestiniens aux couteaux n’appartiendraient ni à l’OLP, ni au Hamas, mais relèverait d’une intrusion croissante du religieux dans un conflit nationaliste, en une exacerbation de la passion religieuse à des fins politiques

{Et exactement comme il y a un an, le chef du gouvernement israélien tente aujourd’hui, avec le Roi de Jordanie, d’éviter un « choc des civilisations et des religions ». Benyamin Netanyahu constatait déjà en 2014, avec le roi Abdallah II, qu’ « il y a au Proche-Orient des sables mouvants et des situations changeantes, et il faut des accords qui puissent faire face à ces changements », afin de consolider le statu quo sur l’esplanade des Mosquées, placée sous l’autorité religieuse de la Jordanie.

Hier il s’agissait d’un accord en bonne et due forme, qui ne vit jamais le jour ; aujourd’hui d’une surveillance électronique de l’esplanade, destinée à dégager les responsabilités.}

Les fondements religieux de Daech

Ainsi que je le montre dans mon dernier ouvrage : « Daech-Etat islamique- Cancer d’un monde arabo-musulman en recomposition », (qui est à votre disposition dans le cadre du Salon du livre présenté en marge de ce Congrès), il s’agit d’un conflit régional et international long et incertain.

La raison en est que le califat « Daech-Etat islamique  est fondé sur trois piliers :

**En premier lieu, il est fondé sur un mélange de doctrine et de théologie, puisées au VIIe siècle, à l’aube de l’Hégire. Elles s’expriment à travers des stratégies et des techniques de communication  véhiculées par les moyens électroniques les plus modernes.

**Deuxièmement, le calife autoproclamé Ibrahim croit en une « guerre de religion » qui consiste à vouloir convertir l’humanité à l’islam sunnite des origines.

Le premier ennemi qu’il désigne sur sa route est le Chiisme, et son premier champ de conquête, l’ensemble des pays musulmans. Sont déjà tombés entre ses griffes, outre près de la moitié du territoire Syrien et une partie du nord de l’Irak, des pans entiers de la Libye disloquée, et jusqu’au Yémen et au Nigeria où un califat islamique s’est créé au nord-est du pays.

**Enfin, troisième pilier : La stratégie militaire de Daech fait la synthèse entre une guérilla urbaine classique, issue de la stratégie du « poisson dans l’eau » de Mao, mais améliorée par un mélange composé :  d’opérations terroristes de kamikazes, recrutés parmi des combattants internationaux ; de razzias tribales traditionnelles ; et de mouvements d’une infanterie lourde héritée de l’ancienne armée de Saddam Hussein.  La maitrise d’un terrain familier, de rapides mouvements de dispositifs des combattants, et l’absence de véritables affrontements d’infanterie, rendent les opérations aériennes peu efficaces.

Le caractère religieux de la raison d’être de Daech, et de son développement, a été assumé dès ses débuts à l’été 2014, dans le numéro 2 de son magazine de propagande en français « Dabiq ». Sous le titre « L’inondation », il proclamait que le temps est venu de l’apocalypse après des siècles de guerre sainte. Le calife Ibrahim annonçait une guerre de religion  qui devrait se développer en plusieurs étapes. Il lançait : «  Envahir la péninsule arabe et Allah nous permettra de la conquérir. Il sera temps d’envahir la Perse et Allah nous permettra de le faire. Enfin, il est temps d’envahir Rome, et Allah nous permettra de le faire ! » .

Celui qui s’est autoproclamé Amir al-Muminin, c’est-à-dire le « Commandeur des croyants », Abou Bakr Al-Baghdadi, calife du pseudo Etat Islamique, a prophétisé, dès son avènement, que le combat se déroulerait entre deux camps :

 (je le cite…): « Ô Communauté islamique, le monde est divisé en deux parties, en deux tranchées, il n’y en a pas de troisième, le camp de l’Islam et de la Foi, et le camp de la Mécréance et de l’Hypocrisie ; le camp des musulmans et des moudjahidin là où ils sont , et le camp des juifs, des Croisés, de leurs alliés et, avec eux, toutes les nations de la mécréance et de ses religions dirigées par l’Amérique et la Russie et gouvernées par les Juifs. »(fin de citation) Le calife Ibrahim, lance, au-delà des territoires qu’il contrôle en Syrie et en Irak : « Que le monde sache qu’aujourd’hui est le début d’une nouvelle ère ».

Au-delà, le message est adressé à l’ensemble des musulmans dans le monde.  Le Chef de Daech dit : « Ecoute, Ô communauté islamique, écoute et comprend, lève-toi et réveille-toi, le temps est venu de se libérer des chaines de la faiblesse et de se soulever devant la tyrannie, devant les gouverneurs traitres, les agents des Croisés, des athées, et les protecteurs des Juifs. »

Ce discours que l’on peut qualifier de « révolutionnaire », qui, par certaines formules a des accents soviétiques, est destiné au soulèvement non seulement des Sunnites dans les pays majoritairement musulmans, mais également de toutes les minorités musulmanes, dans tous les pays, et en premier lieu, des jeunes à l’esprit fragile attirés par ce qu’ils croient être une « grande cause universelle.»

Dans cette « guerre de religions et de civilisations », d’un nouveau type, voulu par Daech, ce ne sont pas les armes qui vaincront, fussent-elles massivement aériennes, ou d’infanterie lourde, étant illusoire de vouloir exterminer toutes les tribus sunnites qui ont rallié Daech en Irak, en Syrie, en Libye, ou ailleurs en Afrique, ou les quelques milliers d’ individus venus des territoires russes, maghrébins, européens ou autres.

Faudrait-il compter sur l’Iran et sur les populations chiites de la région, pour juguler Daech ?

Une surenchère entre les mondes chiite et sunnite ne ferait pas tomber les tensions. La progression idéologique de Daech ne sera pas freinée par la multiplication d’opérations ou de déclarations de Téhéran, telle celle de l’ayatollah Ali Khamenei qui lançait déjà contre Israël, en novembre 2014 à propos des heurts sur le mont du Temple : « Ce régime barbare, de loups et infanticides d’Israël qui ne ménage aucun crime, n’est pas le remède, sauf son anéantissement », estimant également que «  La Cisjordanie doit être armée comme Gaza. Les amis de la Palestine devraient  faire de leur mieux pour armer la population de Cisjordanie. » Que les ayatollahs iraniens désignent un « bouc émissaire » ne freinera en rien  la progression de Daech.

Le dialogue inter-religieux.

Il appartient en particulier aux religions abrahamiques, elles-mêmes, de désamorcer la « bombe Daech ».

Très vite du reste, elles ont refusé d’entrer dans une logique de « guerre des civilisations » en ne répondant pas aux provocations de Daech.

***En premier lieu, c’est à l’islam lui-même de faire barrage à Daech, sur un plan théologique :

  Ce fut le cas, dès septembre 2014, quinze jours après la proclamation du pseudo-califat Daech, lorsque plus d’une centaine de théologiens issus de l’ensemble du monde musulman, ont accusé le calife Ibrahim, de (je les cite) « mal interpréter l’islam », le condamnant précisément pour en avoir fait, écrivaient-ils : « une religion de dureté, de brutalité, de torture et d’assassinat ». Ces théologiens l’appelaient à « cesser de nuire à autrui et revenir à la religion de la miséricorde. »

Ce barrage dressé contre Daech, ce sont également les philosophes et penseurs musulmans contemporains, dans le monde musulman et en Occident qui s’emploient à l’édifier, comme le firent Abdenour Bidar Mohammed Sifaoui et d’autres…

***Le dialogue islamo-chrétien relancé et revivifié pourrait également contribuer à éviter ce choc des civilisations.

Fêtant il y a quelques jours- le 28 septembre 2015- le cinquantième anniversaire de la déclaration « Nostra Aetaté », adoptée par le Concile Vatican II, en 1965, le pape François soulignait qu’elle a donné un nouveau départ au dialogue interreligieux : Il réitérait que l’islam, dans son adoration d’un Dieu unique, est estimable par cela même, et que le judaïsme constitue les prémices du salut chrétien, et que l’antisémitisme, tout comme l’anti-sionisme est à réprouver le plus fermement. Pour le pape François, « il convient de regarder les valeurs positives que (ces religions) vivent et proposent. » Rejetant toute guerre de religion, le Souverain pontife  rappelait que la Déclaration Nostra Aetate était un texte qui a mis fin à des siècles d’inimitié entre les religions.

Abdallah Rédouane, du Centre islamique culturel d’Italie, a aussitôt réagit en déclarant : « Pour nous, en tant que communauté musulmane (…) il s’agit d’un évènement très important(…) Le message de Sa Sainteté le pape nous a touché, en particulier alors que la communauté islamique traverse des moments difficiles en plusieurs points du globe. »

***La diaspora juive européenne contribuerait également à désamorcer un « choc des civilisations », elle qui se souviendrait de l’âge d’or des relations culturelles entre l’islam andalous et le judaïsme, du temps des « Rishonim, ces « passeurs » du sud de la France des XIIe et XIIIe siècle, dans la lignée de Maïmonide ou des Tibbonides.

*** Les militants et défenseurs français de la laïcité soulignent que le conflit nationaliste israélo-palestinien ne pourra trouver aucune issue s’il reste religieux. Ils estiment que la voie laïque, perdue pour l’instant devant l’Histoire, est la seule issue possible pour un Etat qui tire sa légitimité non d’un Dieu, mais des citoyens réunis en peuple, souligne Guylain Chevrier-historien,formateur- au moment où plusieurs maries de Seine-Saint-Denis viennent de hisser à leur fronton le drapeau palestinien, en soutien à ce que certains appellent dans les banlieues, « l’intifada des couteaux. »

Le dialogue des religions évoqué plus haut, pourra être bénéfique, à la condition qu’il ne soit pas instrumentalisé politiquement , comme cela vient d’être le cas  également à Vienne, avec la création de deux Centres de dialogue interreligieux, mis en place, en sous-main, par l’Arabie Saoudite wahhabite en recherche de respectabilité internationale, piège dans lequel semblent être tombés le Vatican et la Conférence européenne des rabbins.

Si elles persistaient dans leur volonté de dialogue, alors les religions monothéistes auront apporté un démenti à la prévision apocalyptique  de Samuel Huntington, formulée dans les années 90, selon laquelle, en dépit des effets économiques de la mondialisation et de « l’unification » des échanges, des conflits locaux sanglants se multiplieront, dus à un « choc des civilisations ». Il soutenait ( je le cite…) « Si le XIXe siècle a été marqué par les conflits des Etats-nations, et le XXe par l’affrontement des idéologies, le XXIe verra le choc des civilisations, car les frontières entre cultures, religions et ethnies sont désormais des lignes de fracture. »

S’il disait vrai, Daech aurait alors gagné son pari.

Gérard FELLOUS  (1er novembre 2015)