L’année 2021 était marquées en France par des actualités dont certaines ont été peu ou pas diffusées dans le grand public , ou ont fait l’objet d’interprétations ou de raccourcis déformants. Les stricts critères de l’information journalistique objective-tels ceux d’une agence de presse- ont trop souvent été violés, au service du « buzz » commercial, ou de la prédominance d’une « vérité » imposée par les réseaux sociaux : Il en est résulté une déformation de la voix de la France, lui prêtant une voie factice sur au moins dix thématiques que nous évoquons ici :
**L’islamisme extrémiste perdure :
*En fin d’année, dans un court « plaidoyer » volontairement intitulé « Le droit d’emmerder Dieu » (Grasset), l’avocat talentueux Richard Malka témoigne, à partir des procédures judiciaires auxquelles il participe aux côtés des victimes, pour parvenir à la conclusion selon laquelle :
La Justice, les responsables politiques, les médias, l’opinion publique, ont été terrorisés -non pas seulement par l’extrémisme islamique- mais aussi et surtout par la peur de désigner la responsabilité de l’Islam et de « heurter » les Musulmans. La conséquence involontaire de cette attitude fut d’handicaper ou de rendre plus difficile leur intégration et leur assimilation, tombant ainsi à pieds joints, dans le piège tendu par un « islam conquérant » , celui du VIIe siècle qui reprend virulence à la fin du XXe siècle.
Richard Malka souligne les dérives contraignantes des procès des massacres djihadistes, celles de « ne pas parler de religion-Surtout pas » . Il constate : « On vous tue au nom de la religion, mais c’est vous qui êtes coupable d’en parler. » Il note également que la vérité de la responsabilité de l’Islam a été masquée par un « procès » fait à la Police, aux Forces de l’ordre , en une « tentative de diversion. » Autre déviation : Un « crime d’indifférence, (…) de complaisance active » lorsque l’assassin Coulibaly « parle à qui veut l’entendre des persécutions des musulmans dans le monde », et des « mauvais traitements des musulmans de France », de « la Palestine et des sionistes(…) Il est obsessionnellement antisémite. »
Dans son analyse politique, Richard Malka estime que c’est la Gauche qui a alimenté ce phénomène de déni et d’aveuglement . Il constate que « ce piège de la culpabilisation (des Français) a parfaitement fonctionné. » Il dénonce également Jean-Marie Le Pen qui, le 2 février 2006 avait affirmé que « Les croyants ont droit au respect de leur croyance, qu’ils soient musulmans, juifs ou chrétiens» , ignorant le Droit français qui ne reconnait pas le droit religieux, tel que la Chariaa, et la liberté d’expression qui a couté la vie à Samuel Paty.
Les médias français ont ignoré l’analyse de Malka : Dans un seul cas, un grand quotidien de gauche, ne retenait dans son titre que cet avocat ne faisait qu’une « apologie passionnée du droit de blasphème ». Il semble bien que la lecture de son analyse se soit arrêtée à la page 67 de l’ouvrage, se contentant de condamner « tous ceux qui ont soufflé sur les braises ».
*Si l’attaque au couteau survenue le 3 octobre 2019 à la préfecture de police de Paris a retenu toute l’attention, tout comme les attentats du 13 novembre 2015 , attribués à la cellule de Raqqa des opérations extérieures de l’EI, peu de chose furent dites de :
la condamnation à 30 ans de réclusion criminelle , et non pas d’une réclusion criminelle à perpétuité, du français Tyler Vilus,
ou des hésitations de fermeture de la mosquée d’Allonnes pour « apologie de terrorisme » ,
ou des atermoiements du ministre de l’Intérieur pour dissoudre la maison d’édition « Nawa » en Ariège qui diffusait plusieurs ouvrages « légitimant le djihad »,
ou des « gardes à vue prolongées » de cinq femmes d’une même famille du Sud de la France qui cachaient chez elles des éléments d’explosifs destinés à des églises de Montpellier, et dont le verdict ne fut jamais rendu public,
ou le résultat de la mise en examen du français Antony Maurice, expulsé d’Ankara vers la France , après une garde à vue par la Direction générale de la sécurité intérieure-DGSI . Depuis 2014, plus de 250 français avaient été renvoyés en France par les autorités turques, pour participation au djihad en Syrie ou en Irak.
–S’il est avéré qu’en France, une association radicale implantée dans le Val d’Oise, « Killuminateam- Les soldats sur le sentier d’Allah », était accusée de diffuser des « appels à la haine et à la violence », et qu’elle était dirigée par Mohammed D. condamné à Pontoise en novembre 2020 à 12 mois de prison avec 6 mois de sursis et incarcéré en réalité dans une affaire d’escroquerie, de faux et usage de faux , il n’en restait pas moins qu’il restait dans l’attente d’être poursuivi pour des menaces et provocations terroristes , après la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux.
–Quel lendemain sera donné à la décision de la justice française d’obliger le maire d’Albertville (Centre Est) à autoriser la construction d’une école primaire privée par la Confédération islamique turque Milli Gorüs ? Cette école pourra accueillir 400 élèves dans une agglomération de 20 000 habitants. Le maire décide de faire appel contre de telles « entreprises pilotées par des puissances étrangères, qui favorisent une cristallisation identitaire au cœur de nos territoires. »
–Cette même association turque a également lancé un projet de Mosquée à Strasbourg , pour laquelle la mairie a accordé le 22 mars une subvention de plus de 2,5 millions d’euros , en dépit de la condamnation du ministre de l’Intérieur qui avait dénoncé « une fédération qui a refusé de signer la charte des principes de l’Islam de France et qui défend un islam politique », et donc le communautarisme.
–Quelle suite a été donnée à l’arrestation d’un jeune homme , né en 2002, vivant en Seine-Maritime qui avait prévu de commettre une tuerie de masse , dans son ancien lycée et dans une mosquée, le jour anniversaire d’Hitler, le 20 avril 2022 ? Il était en contact, sur le réseau Telegram avec une jeune fille de 18 ans résidant à Béziers qui, par ailleurs, avait projeté un attentat contre une Eglise dans l’Hérault ? Des armes et munitions ont été découverts à leurs domiciles.
En dépit de vives réactions de commentateurs français, aucune décision de l’autorité centrale française n’a été prise définitivement dans ces cas restés « ouverts ».
–Elisabeth Badinter a lancé un cri d’alarme après le « rétablissement de la peine de mort en France » que fut l’exécution de l’enseignant Samuel Paty dont l’une des conséquences fut « la peur, au sein du corps enseignant , qui s’est installée et même intensifiée. »
–En Midi-Pyrénées, Franck Touboul président de l’institution juive-CRIF , mettait en garde contre les manifestations de rues du « Collectif Palestine vaincra » à Toulouse. Il demandait une interdiction, par le préfet de telles manifestations dans le cadre de la campagne pour les élections municipales, comme le fit le préfet de l’Hérault . Il estimait que derrière « la façade de l’antisionisme » que présence ce collectif, « se cache une idéologie clairement antisémite », ce que la législation française condamne.
NB : La Justice d’une Démocratie reste bien dépourvue, trop lente ou impuissante face aux extrémistes islamistes, en un affrontement asymétrique.
**L’antisémitisme encore présent dans l’actualité :
Au cours de l’année 2021, les manifestations d’antisémitisme se sont multipliées de manière persistante, non seulement en France, mais également dans de nombreux pays européens et occidentaux, apparaissant dans les médias aux détours de l’actualité, sans jamais être traitées comme telles.
S’il est vrai qu’en aout 2021, la profanation de la stèle érigée à la mémoire de Simone Veil dans l’agglomération de Perros-Guirec sur le parvis de l’Hôtel de ville, dans le département des Côtes d’Armor en Bretagne, recouverte de tags et de croix gammées, a provoquée de vives réactions non seulement locales mais également dans l’ensemble de la France, peu se sont souvenus qu’en février 2019, à Paris des croix gammées avaient été tracées sur des boites aux lettres , qu’en décembre 2019, un buste en bronze à l’effigie de Simone Veil avait été vandalisé, une semaine après l’inauguration de la place Simone Veil à La Roche-sur-Yon en Vendée, ces manifestations hautement symbolique ne peuvent cacher la forêt des actes antisémites, dont nous donnons ici quelques exemples :
*En aout, au cours d’une manifestation anti-passe sanitaire à Epinal, des participants brandissaient une pancarte frappée de croix gammées formées de seringues. Les réseaux sociaux ont été saturés par la reproduction de cette affiche.
Cette infraction relève du « port ou exhibition d’uniformes, insignes ou emblèmes rappelant ceux d’organisations ou de personnes responsables de crimes contre l’humanité. »
*Par ailleurs, A Metz, une enseignante militante d’Extrême-droite a été traduite devant la justice pour « provocation à la haine raciale » après avoir brandi une pancarte antisémite dans une manifestation anti-passe sanitaire .
*Près de Rouen , à Saint-Etienne-du-Rouvray, des tags antisémites ont été tracés en septembre sur les murs de l’Institut national des sciences appliquées(INSA) : Des croix gammées avaient été tracées en dessous d’inscriptions : « 20 ans déjà » et « A bas les juifs. »
*Selon Mediapart, plusieurs militaires en exercice avaient affiché sur des réseaux sociaux leurs convictions néo-nazies sans enfreindre de sanctions :
Sur Facebook, Alan V. du 27e bataillon de Chasseurs alpin exhibait un tatouage reproduisant la devise des SS d’Hitler : « Mon honneur s’appelle fidélité », tandis que Yan G. du 1ER Régiment de hussards parachutistes s’exhibait dans des photos, portant des vêtements du Mouvement Blood & Honour , avec la devise des Jeunesses hitlériennes « Blut und Ehre » organisation qui avait été dissoute en France à l’été 2019.
Un militaire du 13e Bataillon de chasseurs alpins avait fait un salut nazi sur une photo publiée avant son intégration dans l’armée française.
Mediapart avait dénoncé les cas d’une douzaine de militaires qui avaient affiché leur idéologie nazie. Deux d’entre eux ont quitté volontairement l’armée française. Le Centre national des habilitations de défense s’est déclaré impuissant.
En juin 2019, la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la lutte contre les groupes d’extrême droite en France avait placé au premier rang de ses 32 recommandations le « suivi des membres et anciens membres des forces armées ou de sécurité intérieure impliqués dans des groupes d’ultra-droite. La France n’a jamais publié de chiffre précis de ses militaires dévoyés, contrairement à l’Allemagne .
*Le tribunal correctionnel de Toulouse a relaxé un imam qui avait été jugé pour « incitation à la haine raciale » après un prêche diffusé en arabe sur les réseaux sociaux en 2017. Il avait proclamé que : « Le jour du jugement ne parviendra que quand les musulmans combattront les juifs , le juif se cache derrière l’arbre et la pierre, et l’arbre et la pierre diront « Oh musulman Oh serviteur de Dieu, il y a un juif derrière moi, viens et tue-le. »Le président du tribunal avait estimé que les propos tenus par Mohamed Tataïat « ont pu être tenus imprudemment mais pas dans une volonté de discrimination ». Son avocat français s’était félicité en « saluant l’indépendance d’esprit du tribunal qui a résisté à une tentative inédite de voir criminaliser le commentaire parfaitement licite d’un « Hadith » – recueil des actes et paroles du prophète Mahomet- par un imam respecté depuis des années. »
La Justice française venait de perdre ses repère fondamentaux, de peur d’être accusée de « persécution » des musulmans, en dépit de la présence d’une dizaine d’associations qui s’étaient portées partie civile.
Cet imam avait été détaché en France par le ministère des Affaires religieuses d’Algérie , qui le rémunérait , d’abord pour un poste à la Grande mosquée de Paris de 1985 à 1986 , puis à Toulouse à partir de 1987.
*Par ailleurs, la 17e chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Paris confirmait la condamnation d’Alain Soral à une amende pour des propos imputant aux juifs les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Lors d’une intervention sur le réseau social russe « VKontakte » il renvoyait à son site qui développait une thèse conspirationniste d’origine juive. La Cour d’appel confirmait également la relaxe prononcée en première instance concernant les accusations de provocation à la haine raciale. Il avait alors écrit sur les réseaux : « Plus les juifs nous écrasent , plus ils exigent qu’on les ignore. » Pour le tribunal : Cette formulation n’appelait que de manière « trop indirecte » à la haine et à la violence pour être qualifiée « d’exhortation », renforçant ainsi une jurisprudence de la Cour de cassation.
Ce polémiste extrémiste a déjà été condamné à une vingtaine de reprises , principalement pour des incitations à la haine, diffamation et injures antisémites. Il a été également condamné pour contestation de la Shoa , après un rejet en cassation.
Les positions officielles françaises vues par les médias :
*Marquant à Vichy l’anniversaire de la rafle des juifs du 26 aout 1942, le chef de l’Etat Emmanuel Macron a voulu répondre à l’accusation historique lancée par Éric Zemmour, dans son livre de 2014 sur « Le Suicide français » selon lequel le régime de Vichy a sauvé une majorité de Juifs français en sacrifiant et en livrant aux nazis les Juifs étrangers présents en France.
Cette page de l’histoire du pétainisme avait fait l’objet d’un débat entre historiens et universitaires : Pour certains, Philippe Pétain qui gouverne la France et collabore avec l’occupant nazi entre 1940 et 1944 et son régime ne peuvent néanmoins être réhabilités. Pour d’autres, comme le secrétaire d’Etat aux Affaires européenne Clément Beaune, le régime de Pétain relève de « l’antisémitisme traditionnel. » et ne peut être réhabilité.
A l’issue d’un Conseil des ministres, le porte-parole Gabriel Attal précisait : « Il y a plusieurs visions de l’histoire de France qui s’affrontent aujourd’hui dans le débat public, la nôtre est qu’un travail d’historien se base sur des faits, sur des documents, sur des recherches » et non sur des engagements politiciens. » Il ajoutait : « Nous assumons de regarder l’Histoire dans les yeux et de combattre toute tentation de récriture ou d’instrumentalisation. »
Se rendant à Vichy pour rendre hommage aux 6 500 juifs victime de la rafle d’aout 1942, le président Emmanuel Macron, estimait que , plutôt que de nier « la vérité historique » il préférait « regarder l’avenir » , tout en voulant « saluer le courage de ces 80 parlementaires qui, à Vichy, se sont opposés à ce qui était l’esprit de la défaite et ont dit non « au régime collaborationniste de Pétain », en refusant de lui accorder les pleins pouvoir en juin 1904.
* Rares furent les médias français à faire état des déclarations du président Macron au cours du « Global Forum » en ligne organisé le 10 juin par l’American Jewish Committee. Le chef de l’Etat y avait traité en particulier de la lutte contre l’antisémitisme, de l’affaire de l’assassinat de Sarah Halimi et du nucléaire iranien. Il « réitère avec vigueur que l’antisémitisme est hier comme aujourd’hui un fléau inacceptable, injustifiable, face auquel nous devons sans relâche mobiliser toutes les énergies. » Il note « un contexte où nous observons une nouvelle hausse des actes antisémites en Europe mais aussi aux Etats-Unis. » Il rappelle les engagements pris durant son mandat présidentiel dans la lutte contre l’antisémitisme « notamment la mise en œuvre d’un Plan national » sous l’autorité du Premier ministre. » Il juge nécessaire de « nommer le mal » , en soulignant que la France a adopté officiellement la définition de l’antisémitisme fixée par l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoa-IHRA. Il souligne la nécessité d’aller plus avant dans ce combat , notamment aux niveaux policier et judiciaire.
A propos de l’affaire Sarah Halimi , assassinée en 2017, à l’issue de laquelle son assassin avait été reconnu en avril 2021 comme pénalement irresponsable , la Cour de cassation ayant décidé de ne pas renvoyer l’assassin en Cour d’Assises en raison de « l’altération du discernement du meurtrier au moment des faits »,, il annonce avoir « demandé de faire évoluer notre droit , de modifier le cadre légal actuel , ce qui sera fait dans le cadre d’une large consultation pour que les victimes soient entendues. Nous le leur devons. »
*Par ailleurs, à la mi-août, la présidence de la République a annoncé que la France ne participera pas à la « Conférence de Durban » de suivi de la conférence de l’ONU contre le racisme du 22 septembre – tout comme plusieurs pays européens et occidentaux- à la suite « des déclarations antisémites prononcées dans le cadre de la conférence de l’ONU tenue à Durban. L’Elysée déclarait que : « Attachée à l’universalité des droits de l’Homme, la France continuera de lutter contre toutes les formes de racisme . » Il dénonçait « ce mal souterrain » qui peut « porter son visage de toujours », ou « emprunter les masques nouveaux de la haine islamiste prenant la forme de l’antisémitisme. »
*Au cours de la 11e Convention nationale du CRIF-Conseil représentatif des institutions juives de France- tenue à Paris le 15 novembre , le Premier ministre Jean Castex proclame qu’ « il est insupportable que l’antisémitisme soit toujours là et bien là, et continue d’affleurer de plus en plus souvent dans le débat public et les réseaux sociaux que ce soit sous la forme de vieilles lunes d’extrême droit malheureusement renouvelées, que ce soit sous couvert d’antisionisme , que ce soit derrière un discours insidieux prétendant dénoncer les puissance de l’argent pour en réalité stigmatiser les Juifs. » A propos d’une actualité récente, il souligne : « On a vu la bête immonde se réveiller sous la forme d’une pancarte abjecte dans des manifestations contre la vaccination et le passe sanitaire : Preuve que racisme et obscurantisme savent toujours se donner la main. » Le premier ministre conclue que : « Face à tous ces dangers- anciens et nouveaux, je veux rappeler solennellement ici que la République met tout en œuvre pour permettre à une communauté juive française de vivre, chez elle, en toute sécurité. Comme elle a le devoir impérieux de le faire à l’endroit de tous ces concitoyens, quelle que soit leur confession ou leur origine. » Le premier ministre rappelle que la vigilance de l’Etat en la matière avait également permis « le doublement des effectifs de la plateforme Pharos chargée de traquer les contenus illicites sur le web, désormais opérationnelle en continu, sans interruption. Rendant hommage au judaïsme français, Jean Castex rappelle que : « Le judaïsme participe à l’identité de France et son apport a même été essentiel. Il s’est incarné dans des sacrifices personnels autant que dans les productions de la pensée et de la création. »
* Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a ouvert le cycle de ses visite cultuelles en assistant à « l’office du Chabbat » célébré à la Grande synagogue de la rue de la Victoire, à Paris, alors que le Grand rabbin de France, Haïm Korsia rappelait « qu’il y a 80 ans, jour pour jour, la République disparaissait avec le vote des pleins pouvoirs à Pétain. »
Au cours de sa visite, le ministre de l’Intérieur rappelait que : « Les juifs de France ont eu à connaitre de nombreux actes inqualifiables. » Il ajoutait : « Attaquer les juifs de France, c’est attaquer la République » , en insistant sur « le soutien total du Gouvernement. »
*Au Sénat, le 26 novembre, était organisée une cérémonie de remise à titre posthume, du « titre de Juste parmi les Nations » à Marcel Hoffmann. Cet hommage rappelle que durant l’occupation nazie de la France. Le 11 septembre 1942, alors que les juifs étaient raflés et parqués en gare de Fives pour être dirigés vers les camps de la mort, il s’était intégré dans ce groupe pour réussir , en une après-midi, à exfiltrer une quarantaine d’enfants et d’adultes juifs qui furent confies à des familles qui les ont hébergés durant toute l’occupation nazie.
En janvier 2021, 27 921 personnes issues de 51 pays avaient reçu la distinction de « Juste parmi les Nations » pour avoir protégé des juifs durant la Shoa.
*La sociologue Dominique Schnapper, fille de Raymond Aron, rappelle dans son ouvrage « Temps Inquiets » et au cours d’un entretien avec l’hebdomadaire L’Express que les menaces contre les juifs ont toujours précédé le naufrage de la Démocratie.
Alors que Raymond Aron avait évoqué le « temps du soupçon » à la suite des propos du général de Gaulle en 1967 qui avait qualifié les juifs de « peuple d’élite, sûr de lui et dominateur », Dominique Schnapper estime qu’en cette fin du XXe siècle a succédé le « temps de l’inquiétude » pour « la société française dans laquelle on retrouve les plus larges populations musulmanes et juives d’Europe, qui est traversée par une atmosphère antijuive que l’on retrouve aussi dans une grande partie du monde musulman. » Elle ajoute : « Mais le phénomène le plus significatif est sans doute le délitement de l’idée démocratique et l’affaiblissement du civisme. Les juifs sont dans une situation établie et favorable quand la Démocratie est forte. En revanche quand celle-ci décline, réapparaissent, sous des formes variées, des préjugés qui remontent à des siècles de culture chrétienne. »
*L’écrivain Boualem Sansal, retiré à Alger, a consacré un hommage à Sarah Halimi , vieille dame massacrée à Paris par un islamiste au cri d’Allah Akbar, « honoré et félicité comme on s’en doute par les siens pour avoir accompli un commandement fondateur prononcé par Allah contre les juifs et les chrétiens, maintes fois rappelé dans son livre sacré, le Coran » souligne Boualem Sansal. Il appelle, en marge de l’affaire Sarah Halimi, à affirmer que « l’islamisme ne passera pas en France, ni aujourd’hui ni demain, ni jamais, quels que soient les habits derrière lesquels il se cache parfois pour nous tromper. »
NB : Cet appel de Boualem Sansal, devait initialement être lu par Jacques Tarnéro lors d’un rassemblement en hommage à Sarah Halimi au Trocadéro à Paris. La manifestation a été annulé en dernière minute pour une raison qui n’a jamais été révélée. Sarah Halimi a été déclarée « persona non grata » par une mystérieuse ligue antisémite qui continue de sévir impunément en France.
Durant cet épisode de commémorations, la France de la fin du XXe siècle s’est souvenue que la résistance était à Londres et que la majorité des Français avaient collaboré avec l’occupant nazi et avec le régime pétainiste, dont les héritiers sont encore vivants sur le territoire national.
*En Belgique, un déni de l’antisémitisme par les antiracistes :
A Bruxelles, la chroniqueuse Nadia Geerts constatait en mai que, tout comme en France, l’antisémitisme prenait en Belgique une forme de de racisme spécifique , notamment parce qu’il est trop souvent le fait d’une autre minorité, elle-même par ailleurs victime de racisme.
Alors que le Parlement belge organisait depuis fin avril des « Assises de la lutte contre le racisme » dont l’objectif annoncé était de lutter contre toutes les formes de racisme en Belgique, il faisait l’impasse sur l’antisémitisme : Le programme des colloques traitait de :
-L’islamophobie -L’intersectionnalité -Le racisme structurel -Les caractéristiques vestimentaires -La décolonisation …mais n’abordait jamais l’antisémitisme, en dépit du fait que depuis 2004 , le Conseil de l’Europe avait mis en évidence une augmentation des actes antisémites en Belgique , et qu’une étude de la Fondation Jean Jaurès de 2020 montrait que les jeunes musulmans francophones ont trois fois plus de préjugés antisémites que les athées. La conséquence fut que les élèves juifs avaient déserté , de plus en plus nombreux, l’enseignement public bruxellois pour des écoles confessionnelles qui depuis sont protégées par l’armée.
L’attentat de 2014 au Musée juif de Bruxelles avait montré qu’on pouvait mourir , en Belgique, comme en France, du fait d’être juif. On constatait également que chaque flambée de violence au Proche-Orient entrainait une recrudescence de propos et d’actes antisémites partout en Europe et singulièrement à Bruxelles ou on avait scandé « Mort aux juifs » au cours d’une manifestation de soutien au peuple palestinien, au nom de « la liberté d’expression. »
S’il est vrai que chaque forme de racisme mobilise des préjugés et des stéréotypes différents, l’antisémitisme en Europe a pris une forme de racisme spécifique, alors que les juifs ne constituent pas une minorité visible.
L’ignorance de l’antisémitisme dont ont fait preuve les Assises parlementaires belges serait , selon l’analyste belge Nadia Geerts le fait d’une autre minorité, elle-même par ailleurs victime de racisme. Il y aurait une forte incursion des tensions au Proche-Orient et particulièrement celles qui s’embrasent entre israéliens et palestiniens.
**Laïcité : De nouvelles structures face aux tentatives révisionnistes :
En annonçant en octobre la création d’un « Bureau de la laïcité » qui succède à l’ « Observatoire de la laïcité », Marlène Schiappa, ministre déléguée en charge de la Citoyenneté déclare vouloir « passer à l’action et surtout construire une véritable organisation. » Par décret d’attribution, elle est chargée de « veiller au respect du principe de laïcité. » Elle crée ainsi une administration de la laïcité pour « suivre dans la durée la bonne exécution des décisions prises. » Au ministère de l’Intérieur, ce Bureau est rattaché à la Direction des libertés publiques et des affaires juridiques-DLPA. Il est également chargé d’assurer le secrétariat du Centre interministériel de la laïcité qui se réunit deux fois par an.
Dans ce même cadre a été institué une Journée de la laïcité fixée au 9 décembre de chaque année, dont l’objectif est de « mener des actions pédagogiques sortant du cadre de l’Ecole. » Les préfets valoriseront des initiatives en faveur de la laïcité et organiseront des évènements en coopération avec les associations locales.
La présence de « référents laïcité » dans les services publics sera effective dans le courant de l’année 2022. Ils seront désignés par chaque administration de l’Etat, collectivité territoriale ou établissement public de santé. Leur formation commencera début 2022. Un décret d’application du 23 décembre 2021 prévoit qu’ils seront choisis parmi les magistrats, fonctionnaires ou militaires, en activité ou retraités , ainsi que parmi les agents contractuels en CDI.
Face aux polémiques qui ont été entretenues après la dissolution de l’Observatoire de la laïcité, Marlène Schiappa souligne que « le temps n’est plus à l’observation, il est à l’action. » Elle fait remarquer que « ceux qui présentent la laïcité à la française comme une arme contre les Musulmans commettent une faute, car ils poussent les jeunes vers le communautarisme (à l’anglo-saxonne) et vers une réaction contre les valeurs de la République. » Elle rappelle, dans un entretien avec l’hebdomadaire L’Express que : « La laïcité permet à chacun d’être un citoyen-point- et non par un membre de telle communauté ou telle religion. »
La ministre rappelle enfin que depuis 2018, environ 650 établissements : lieux de culte, débits de boissons, salles de sports, qui avaient des liens étroits avec la radicalisation islamique ont été fermés en France.
Pour sa part , l’Association « Egale :Egalité Laïcité Europe » a dénoncé les attaques contre l’instauration des Etats généraux de la laïcité, venant de plumeurs sources, par exemple de certains écologistes qui les ont qualifiés de « mascarade, fumisterie et enfumage » à les accusant de « ressembler plutôt à l’assemblée générale du Rassemblement national. »
L’Association Égale dénonce également « un communiqué signé le 21 avril par de grands réseaux et des fédérations d’éducation populaire dont notamment la Ligue de l’enseignement et les PEP qui exprimaient leur position sceptique sous le titre : « Etats généraux de la laïcité : Pourquoi maintenant et pour quoi faire ? »
**Les Droits de l’Homme mis en danger par une déviation féministe :
Une forme de féminisme met en danger les Droits de l’Homme universels, analyse la philosophe et psychanalyste Sabine Prokhoris.
Dans une analyse intitulée « Le Sexe prescrit : La différence sexuelle en question » (Aubier, parue en 2 000 elle estime que le mouvement « #MeToo », dont elle dénonce le « sidérant pouvoir d’intimidation ». Elle dénonce « la nature passablement trouble de l’incontrôlable diffusion de la folie » de ce mouvement, dont « les cris et les larmes (…) sont en réalité , bien plus que des pleurnicheries, des armes de guerre. »
Au lendemain de la publication de sa deuxième analyse : « Mirage #MeToo » (Editions Cherche midi) elle déclare sur Radio Classique que ce mouvement est « une illusion de libération et c’est un vrai terrorisme intellectuel. » Il est récupéré par des mouvements politiques qui s’expriment dans une tribune parue dans le quotidien Le Monde sous le titre : « Il faut écarter les auteurs de violences sexuelles et sexiste de la vie politique. » Elle constate que ce mouvement fonctionne plus comme « une religion politique « que comme un espace de réflexion et de débat ». Il ne fonctionne « qu’avec des slogans. »
Sabine Prokhoris déplore le fait que « chaque personne qui se plaint qui accuse ne suffit pas à la qualifier de victime. ». La psychanalyste souligne que le fait de se dire « victime ne veut pas dire que la souffrance de ces personnes soit fausse, mais ça n’est pas pour autant qu’elle est la preuve d’une vérité » puisque « c’est pas forcément la vérité. »
Partant d’accusations de viols ou de maltraitance de la part d’acteurs très connus de la vie publique, le mouvement MeToo n’a jamais apporté la preuve, se contentant d’affirmer qu’elles sont « forcément véridiques. » Il remet ainsi en cause un principe fondamental de l’Etat de droit, celui de la présomption d’innocence. Accusant certains médias de vouloir faire le « buzz » sur le dos de personnalités connues, la philosophe estime que « livrer des noms en pâture est extrêmement accusatoire », ce qui n’empêcherait pas que les personnes « qui ont à se plaindre » puisse porter plainte devant les tribunaux qui se prononceront.
On notera qu’en France, seulement 10% des plaintes pour viols ou tentatives de viols aboutissent à des condamnations , ce qui ne veut nullement dire que la Justice française est laxiste.
La philosophe en conclue que le mouvement dit féministe est « structurellement vicié dans ses logiques » : Il présente « une illusion de libération et un vrai terrorisme intellectuel. » Dans une publication intitulée « Au bon plaisir des « docteurs graves » (PUF), elle qualifie Judith Butler de « papesse des études de genre ». Interrogée par l’Expresse en novembre , elle précise que le mouvement #MeToo « n’est pas seulement un mouvement radical de plus, mais un mouvement total, qui prétend accoucher d’un monde entièrement nouveau : le meilleur des mondes féministe. » Il fait partie de l’idéologie « woke-éveillé », dont les militants seraient des « somnambules (…) hypnotisés par des slogans répétés en boucle. » A la lumière des suicides de David Hamilton, Taku Sekine, Liam Scarlett accusés de harcèlement sexuel, Sabine Prokhoris en conclue que « c’est un mouvement structurellement vicié, qui néanmoins a eu le mérite d’obliger à considérer des questions en effet très sérieuses. » Mais non pas dans une libération de la parole, mais « dans une parole accusatrice (…) fondée sur une autodésignation militante (…) dans une illusion de libération. »
La philosophe, met en garde contre« l’hégémonie à visée purificatrice de MeToo qui étend son empire. »
**L’encadrement catholique en crise :
Deux révélations ont éclaté en sortant de l’ombre au cours de l’année 2021 en France :
-Une estimation, sous-évaluée, des abus sexuels dont ont été victimes des mineurs de la part du clergé.
– Une tentative d’indemnisation prévue par les Evêques français court-circuitant la Loi d’un pays laïque.
Création d’une commission d’enquête :
La « Commis ion indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise-CIASE », présidée par Jean-Marc Sauvé , vice-président honoraire du Conseil d’Etat est crée sur le fondement du Code pénal qui fait obligation d’informer les autorités judiciaires de toutes les agressions ou atteintes sexuelles infligées à un mineur. Elle est composée de 12 hommes et 10 femmes, d’âge moyen de 57 ans, de professionnels aux compétences multiples dans les domaines du droit pénal et canonique, de la protection de l’enfance, de la psychiatrie et de la psychanalyse, de la santé , de l’éducation , de l’histoire et de la sociologie, dont les opinions philosophiques et religieuses sont diverses.
La CIASE est créé à la demande conjointe du Président de la Conférence des évêques de France, Georges Pontier, et de la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, Véronique Margron.
Dans une lettre de mission adressée à Jean-Marc Sauvé le 20 novembre 2018, la Conférence des évêques de France constatait que « depuis plusieurs mois maintenant , différentes affaires et abus sexuels -plus ou moins récents ont été commis sur mineurs par des clercs ou religieux » Il est rappelé que depuis avril 2016 des mesures avaient été annoncés, et qu’en début 2000 la Conférence des évêques de France avait « accompli un important travail de préconisation sur la prévention .
Mais elle constatait que « pour faire la vérité » il est « indispensable et nécessaire qu’une commission indépendante puisse faire la lumière sur ce qui s’est passé. »
NB : Par cette décision, l’Eglise catholique de France constatait son échec qui remontait à plus de cinq ans
Dans son rapport final qui porte sur la période allant de 1950 à 2020, et après deux ans et demi de travaux, la Commission Sauvé remet en octobre 2021 deux documents à l’Episcopat français :
*L’un de 487 pages s comporte des « analyses. »
On peut citer en exemple le paragraphe suivante : « Dans l’analyse des facteurs spécifiques à l’Eglise catholique pouvant , parallèlement à la contextualisation socio-historique, contribuer à expliquer l’ampleur du phénomène et les biais identifiés dans son traitement si peu approprié, la commission se penche en premier lieu, sur les particularités du droit canonique. Car une partie de l’inadéquation des réponses apportées par l’Eglise aux cas lui ayant été signalés réside dans les lacunes de ce droit surtout conçu en vue de la protection des sacrements et de l’amendement du péché- la personne victime étant la grande absente- et largement inadaptée, dans son volet pénal, à la répression des violences sexuelles qu’il ne nomme d’ailleurs jamais en tant que telles. La commission conclut à l’inadéquation du droit canonique aux standards du procès équitable et aux droits de la personne humaine dans la matière si sensible des agressions sexuelles sur mineurs. »
NB : Dans entrer dans le détail de cet « argumentaire religieux » on voudrait nous amener à conclure que les auteurs de sévices et tortures issus de l’Eglise de France ne peuvent être déclarés personnellement coupable s puisque c’est la faute de la « doctrine » inchangée depuis vingt siècles.
*Le deuxième document de la Commission, de 200 pages est composé de témoignages anonymes de victimes qui détaillent les sévices de leurs bourreaux , qui demeurent également anonymes.
Ce document qui n’a aucun caractère de dénonciation et de punition, ne permet en aucune manière des poursuives judiciaires. Il se complait dans des récits malsains, mais qu’il ne faut pas aller plus loin car « pour dépasser les traumatismes » l’Eglise de France se déclare prête à « engager des démarches de réparation » envers les victimes, qui devraient se satisfaire de « la reconnaissance des violences commises » L’Eglise de France va jusqu’à écrire son propre « Code pénal » dans lequel le dédommagement qu’elle accorderait « doit être individualisé, sans pouvoir être qualifié d’intégral au sens où le droit entend ce terme ». Elle poursuit : « Cela signifie qu’elle ne saurait être purement forfaitaire , mais doit prévoir un mode de calcul visant la compensation du préjudice spécifique subi par chaque victime directe- et en cas de décès de celle-ci, par la victime indirecte. « L’Eglise de France conclue à nouveau : « Le mécanisme d’indemnisation devrait être confié à un organisme indépendant » des structures de l’Eglise, mais « le financement du dédommagement des victimes proviendrait d’un « fond de dotation » de l’Eglise.
NB : L’Eglise de France annonce ainsi qu’elle met en place sa propre Loi , ses juridictions, et ses sanctions spécifiques rejoignant en cela l’extrémisme islamique qui veut appliquer la « Chariaa » aux musulmans de France, et non la législation nationale.
L’un des arguments avancée en faveur de cette « justice de l’Eglise » est celui de la prescription d’un certain nombre de faits devant la Justice du pays.
Le « mea culpa » de l’Eglise de France ne présente aucune conséquence juridique. Elle entend « régler ses affaires » en son sein, sans collaboration aucune avec la Justice française, comme si l’Histoire s’était arrêtée avant la Révolution française, et surtout avant 1a proclamation de la laïcité en 1905.
Concernant une indemnisation prévue par les Evêques français, faut-il rappeler qu’un Tribunal canonique national chargé de juger les clercs accusés d’abus selon le droit religieux ne peut en aucun cas se substituer au droit pénal pour de telles infractions. Aucune action canonique y compris la « défroque » ne peut précéder une procédure pénale, faute de quoi, un éventuel acquittement canonique pourrait être utilisé come une justification pour bloquer toute saisine de la justice civile ou pénale.
Pour les experts internationaux, l’Eglise française doit publiquement prendre cinq engagements :
*Aucune attribution de compensation aux victimes ne peut être subordonnée à une obligation de ne pas divulguer les noms des auteurs présumés ou d’engager elle-même d’autres actions pénales ou civiles.
*Aucune mesure de rétorsion ne pourra être prise à l’encontre de ceux qui porteront des soupçons d’abus , u compris d’abus commis dans le passé.
*Les Evêques devront se conformer, sans restriction, au devoir de signaler à l’autorité civile des soupçons raisonnables d’un délit.
* Chaque diocèse devra rendre public un rapport annuel précisant le nombre de religieux, de clercs et de laïcs au sujet desquels des soupçons d’abus ont été signalés aux autorités civiles.
*Un nouvel organe devra publier régulièrement des informations détaillées sur le nombre de plaintes, leurs dates, les montants des indemnités versées par l’Eglise . Les procédures canoniques ne seront appliquées qu’après la conclusion de toutes les procédures pénales et civiles séculaires.
On notera que les deux Chambres du Parlement français n’ont jamais ouvert le dossier des exactions du personnel religieux alors qu’en Allemagne, an Angleterre et au pays de Galles, en Australie, les Etats ouvraient leurs propres enquêtes.
Dans un certain nombre de pays, le secret de la confession a été levé par les Eglises locales dans de tels cas . En France, le président de la Conférence épiscopale , Mgr Éric de Moulins-Beaufort déclarait à France-Info : « Le sceau de la confession nous lie (…) il est plus fort que les lois de la République. », car les clercs sont au-dessus de la loi.
25 évêques ont été accusés d’avoir omis de faire rapport comme la loi l’exige
En 2014, les Nations Unies avaient exhorté le Vatican à faire en sorte que de tels abus soient signalés aux autorités civiles des pays concernés.
Le 26 novembre le pape François recevait à Rome , en tête-à-tête pendant une heure dans sa bibliothèque privée, le président français Emmanuel Macron , Le président français a ensuite été reçu par le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat du Saint Père, et par le Secrétaire pour les Rapports avec les Etats.
Le Vatican s’est contenté d’indiquer que durant ces entretiens a été « mis l’accent sur la qualité des rapports bilatéraux. Le Vatican a mentionné également « un échange de vue sur les perspectives de la prochaine présidence française de l’Union européenne, ainsi que les engagements de la France au Liban, au Moyen-Orient et en Afrique. »
Pour sa part, l’Elysée a fait état « de nombreux sujets témoignant d’une véritable convergence de vue sur les défis globaux et sur les crises régionales menaçant de déstabiliser le reste du monde. »
**La France au cœur de l’Europe :
En prenant en 2022 pour six mois la présidence de l’Union européenne, le président français Emmanuel Macron se fixe plusieurs objectifs, parmi lesquels nous retiendrons cinq thématiques :
-Définir un nouveau modèle européen de croissance pour faire un grand continent de production, d’innovation et de création d’emploi ;
-Dans le cadre d’une « Europe humaniste », instaurer un « salaire minimum européen » ;
-Faire avancer une défense commune ;
-Une Europe qui protège ses frontières ;
-Redéfinir et renforcer la coopération économique et financière avec l’Afrique .
Dès novembre 2021,le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian lançait avec son homologue grec une orientation stratégique européenne pour un renforcement de la souveraineté européenne par une assistance mutuelle, sans renoncer à leur attachement à l’OTAN. Un premier pas est franchi avec la vente d’armements lourds à la Grèce à la suite des tensions frontalières entre la Pologne et la Biélorussie.
Le premier pas était franchi dans le cadre du plan de relance européen avec la présentation à la Commission européenne d’un projet de subventions européennes d’un montant de 40 milliards d’euros. A Bruxelles une équipe technique présidée par la française Céline Gauer est chargée de préciser la répartition de relance économique selon onze critères.
Concernant la maitrise de l’immigration aux portes orientales européennes, en particulier à la frontière polonaise, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et l’Organisation internationale des migrations ont demandé à l’Europe de « dédramatiser » la situation à la frontière polonaise.
Des « murs anti-immigration » avaient été érigés en plusieurs points : A la frontière polonaise (2), à celle de la Hongrie (3), de la Bulgarie (1), de la Turquie (1), de l’Espagne (1) et de la Grande-Bretagne (1).
**Le Maghreb en tensions à la porte Sud :
Deux foyers de tensions majeures en Libye et en Algérie ont engendré de réelles menaces pour la France en 2021, qui pourraient se prolonger pour l’année suivante :
*En Libye, les tensions s’étant multipliées entre clans rivaux, la Haute Commission électorale libyenne-HNEC a été contrainte d’annuler la consultation électorale du 24 décembre 2021 moins de 48 heures avant l’échéance fixée un an plus tôt. L’élection est reportée d’un mois, en janvier 2022, à la suite d’un constat d’ « impossibilité » de poursuivre le processus de transition lancé au lendemain de la chute du régime Kadhafi. Après deux guerres civiles depuis 2011 les conflits régionaux entre l’Est et l’Ouest pourraient ressurgir.
Le pays entre en 2022 dans une période d’incertitudes alors qu’a expiré le mandat du Gouvernement d’union nationale conduit depuis mars 2021 par Abdülhamid Dbeibah, qui ne semble pas vouloir renoncer à son pouvoir.
La médiation des Nations unies devra être relancée, alors que la sécurité dans le pays se dégrade que des miliciens armés se sont déployés dans la capitale Tripoli et que des accrochages se sont multipliés à la frontière tunisienne , annonçant une nouvelle déstabilisation de l’ensemble du pays.
L’ONU, tout comme les pays concernés par la paix en Libye devraient faire repartir à zéro leur médiation.
*En Algérie, le pouvoir des généraux qui a étouffé le soulèvement populaire de septembre 2019 est soutenu et renforcé par la Russie de Poutine qui met à la tête du pays le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, un ancien de l’école soviétique d’artillerie de Vystrel. Par la suite , la Russie de Poutine devient le principal fournisseur d’armes pour l’Algérie . Depuis, Moscou fait de l’Algérie sa principale implantation sur la rive Sud de la Méditerranée, face à la France et au flanc sud de l’Europe
Vladimir Poutine arrivé au pouvoir accueille au Kremlin en mai 2001, parmi les premiers, Abdelaziz Bouteflika, pour un « partenariat stratégique » : Il efface la dette algérienne de 4,7 milliards de dollars et accorde une aide militaire de 7,5 milliards de dollars aux généraux algériens. Les officiers algériens au pouvoir sont majoritairement issus des académies militaires soviétiques. Le pouvoir algérien est doté des armements russes les plus sophistiqués, tels que les Chars T90 et les défenses aériennes S300 . Cette coopération militaire s’accompagne d’une dépendance dans les domaines des hydrocarbures et des produits agroalimentaires.
–La France qui fait face à une crise bilatérale avec l’Algérie d’une rare gravité, délégué à Alger son chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian début décembre 2021 , à la recherche d’une « relation apaisée » qui permettrait de « regarder vers l’avenir » . Paris souhaite la reprise d’un « dialogue (…) permettant une reprise des échanges politiques » en 2022. Pour Paris il serait en particulier question de « proposer des réponses opérationnelles aux défis que représente le terrorisme dans la région sahélienne, mais aussi l’immigration clandestine. Les autorités algérienne n’ont fait aucun commentaire à la suite de ces souhaits français.
Le pouvoir militaire algérien avait très mal accueilli en octobre des propos du président Macron, rapportés par le quotidien Le Monde, qui auraient accusé le système « politico-militaire » algérien d’entretenir « une rente mémorielle » à propos de l’indépendance , alors que Paris tentait d’arrondir les angles du souvenir de cette période coloniale . Le 3 octobre, Alger avait rappelé son ambassadeur à Paris et interdit le survol de son territoire aux avions militaires français ralliant leur base au Sahel.
Du haut de son intransigeance, le chef de ‘Etat algérien avait fait savoir début novembre qu’il ne fera pas « le premier pas » pour apaiser les tensions, exigeant un dialogue « d’égal à égal .» En France, le président Macron multipliait des initiatives mémorielles pour tenter d’apaiser le souvenir du passé colonial .
–Les tensions entretenues par le pouvoir des généraux algériens se sont élargies au Maroc dont les relations avec la France sont exemplaires. Ainsi, Alger accusait les « forces d’occupation marocaines » d’avoir tué trois routiers algériens . Le chef de la diplomatie algérienne accusait Rabat d’avoir mené « depuis l’indépendance de l’Algérie , des actions hostiles, inamicales et malveillantes à son encontre. » Il réclame la souveraineté sur le Sahara occidental vaste territoire désertique occupé par les indépendantistes sahraouis du Polisario.
Rabat répond que « si l’Algérie veut la guerre, le Maroc n’en veut pas. »
Il n’en demeure pas moins que le risque en 2022 d’une guerre entre l’Algérie et le Maroc est réel. La rupture en aout par l’Algérie des relations diplomatiques avec le Marc, a non seulement interrompu le dialogue entre les deux pays, il a été suivi par la décision d’Alger d’interdire son espace aérien aux vols marocains, alors que les frontières terrestres entre les deux pays sont fermées depuis 1994. Alger a saturé les réseaux sociaux de campagne de dénigrement du Maroc.
Alors que les relations entre Israël et le Maroc s’améliorent, les généraux d’Alger en font un casus belli et « chauffent à blanc » son opinion publique, en multipliant les incidents, en particulier dans le Sahara occidental.
**Sahel et pétrole :
*Le Mali sous la coupe de la Russie : Le groupe russe Wagner, proche du Kremlin, s’est bel et bien implanté au Mali, ce que la France a officiellement confirmé le 23 décembre.
Avec quatorze autres pays, la France a condamné « la décision des autorités de transition maliennes d’utiliser des fonds publics déjà limités pour rétribuer des mercenaires étrangers » , en accusant la Russie d’avoir apporté « un soutien matériel au déploiement du Groupe Wagner » . Dès le 13 décembre , l’Union européenne a pris des sanctions contre huit individus et trois sociétés liés au Groupe Wagner.
Était également confirmée la présence au Mali d’ « installations russe de type militaire permettant l’accueil d’un nombre significatif de mercenaires » , avec un soutien logistique important des forces armées russes à l’aérodrome de Bamako . Le Groupe Wagner est déjà opérationnel en Ukraine, en Libye et dans plusieurs bases d’Afrique sub-saharienne.
Le gouvernement malien a aussitôt tout démenti, faisant diversion en affirmant que cette présence russe est justifiée « au même titre que la mission européenne de formation-EUTM », affirmant que le « partenariat d’Etat à Etat avec la Fédération de Russie » est « historique. »
Depuis 2012, le Mali a été envahi par des groupes djihadistes issus d’Al-Qaïda et de Daech-Etat islamique. Le pays a été également livré à des bandes armées faisant des milliers de morts et de déplacés . Le putsch militaire de 2020 n’a fait que de dégrader la situation.
*Au Burkina Faso, le gouvernement , avouant son incapacité à mettre fin aux attaques des djihadistes, est contraint de démissionner le 8 décembre sous les pressions de la rue. La législation permet le maintien en fonction des membres du gouvernement sortant jusqu’à la formation d’un nouveau cabinet. Depuis 2015 , le pays est déstabilisé par des groupes djihadistes.
*La République démocratique du Congo a été frappée à Noël par un attentat provoquant une hécatombe dans un restaurant de Beni qui célébrait la fête chrétienne. Les autorités ont accusé le « Groupe Forces démocratiques alliées-ADF » affilié à Daech/Etat islamique. Plusieurs attentats contre des lieux publics ont été perpétrés au cours des fêtes de Noël.
Depuis mai 2021, le Nord-Kivu et l’Ituri sont en état de siège , donnant les pleins pouvoirs aux militaires. Dans ces deux provinces, les armées congolaises et ougandaises mènent des opérations conjointes depuis fin novembre contre le Groupe ADF .
*Quatre ans après le discours de novembre 2017 du président Macron à Ouagadougou, Thomas Borrel et Antoine Glaser, spécialistes de l’Afrique, estiment dans une tribune publiée par Le Monde qu’un retrait militaire français d’Afrique serait un marqueur de rupture résultant des difficultés rencontrées par Paris à renouveler sa politique et son image sur le continent.
NB : En 2022, ce constat est vérifié, amenant le président de la République française à replacer son approche africaine, dans le cadre de l’Union européenne dont il assurait la présidence pour six mois.
*Concernant la hausse des prix des carburants apparue, sans signes percusseurs, à la fin de 2021, la balle était dans le camp des pays producteurs appelés instamment à augmenter leur production afin de faire baisser le cours des prix de détail.
Les Etats-Unis, et la Chine ont réussi à soulager leurs consommateurs, en augmentant l’offre, c’est-à-dire en puisant dans leurs réserves stratégiques.
Depuis plusieurs années les onze pays de l’Opep+Organisation des pays exportateurs de pétrole, incités par la Russie de Poutine qui les a rejoints, ont limité leurs productions afin de maintenir les cours à un haut niveau de 80 dollars, alors qu’il était de 20 dollars au plus fort de la pandémie de Covid . Cette attitude de l’Opep+ est de nature à handicaper la sortie de crise économique qui avait frappé des puissances telles que l’Inde , le Japon, la Coré du Sud, le Royaume-Uni ou l’Union européenne.
L’Agence internationale de l’énergie estime qu’en Russie, le fournisseur Gazprom pouvait ouvrir les vannes vers les pays de l’Union européenne , en augmentant rapidement de 15% ses livraisons de gaz, ce qui contribuerait à favoriser la reprise économique des européens.
Les tensions se sont multipliées au moment où la France annonçait que les effectifs de « Barkane » allaient être réduits de 5 100 à 3 000 hommes à l’échéance de 2023.
Au cours des dernières semaines de 2021 des attaques attribuées à des djihadistes ont frappé à la fois le nord du Bénin, du Togo et de la Côte d’Ivoire.
Au Sénégal, selon un rapport l’ONU, des éléments du « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans-GESIM », affilié à Al-Qaeda, sévissaient dans le pays.
Dans ces quatre pays vivent plus de 45 000 ressortissants français, soit trois fois plus que dans les Etats sahéliens de Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Tchad et Niger. La France a des intérêts économiques importants sur place.
Par ailleurs, en atteignant le Golfe de Guinée, plaque tournante du trafic de drogues vers l’Europe, les Groupes djihadistes pourraient en prendre le contrôle et en faire une arme contre l’Europe.
Le 23 décembre, quinze pays européens, parmi lesquels la France, ont condamné conjointement le déploiement en Afrique du « Groupe russe Wagner. »
**Les USA, alliés occasionnels ?
La vente avortée de sous-marins à l’Australie
L’annulation de la vente de sous-marins militaires français à l’Australie a mêlé des données techniques contradictoires, à des termes de contrat jamais rendus publics, à une guerre financière ,à des tensions diplomatiques et à des affrontements entre zones d’influences économiques dans lesquels l’industrie française s’est trouvée bien esseulée et fragilisée.
En croisant les informations issues de Paris et de Cambera on peut avancer que c’est en 2016 que le constructeur français Naval Group signait un contrat de fourniture à l’armée australienne de 12 sous-marins Attack dérivés des futurs sous-marins nucléaires français Barracuda. A cette construction était associé l’industriel américain Lockheed Martin qui devait fournir le système de combat des futurs bâtiments, soit pour un tiers de la valeur du contrat qui s’élevait alors à environ 30 milliards d’euros. Il n’est alors pas question de propulsion nucléaire.
Ces sous-marins devaient être construits en Australie et l’industriel français se serait alors engagé à ce que 60% de la valeur du contrat de plus de 90 milliards de dollars soit dépensé en Australie , en créant près de 1 800 emploi dans ce pays.
Le 30 aout 2021, la France et l’Australie avaient affirmé leur volonté « d’approfondir la coopération dans les domaines de l’industrie de la défense » en soulignant « l’importance du programme des sous-marins du futur. »
Mais le 15 septembre, le gouvernement australien notifiait officiellement au groupe français la rupture du contrat en faveur d’un nouvel accord avec des constructeurs des Etats-Unis et du Royaume-Uni, cette fois pour des sous-marins à propulsion nucléaire, dans le cadre d’un partenariat appelé« AUKUS ».
En réaction immédiate, Paris rappelait ses ambassadeurs aux Etats-Unis et en Australie.
Le Premier ministre australien avait justifié cette décision en affirmant que les Français « auraient eu toutes les raisons de savoir que nous avions de profondes et graves réserves quant au fait que les capacités du sous-marin de classe Attack ne répondait pas à nos intérêts stratégiques et nous avions clairement indiqué que nous prendrions une décision basée sur notre intérêt stratégique national » . Il affirmait vouloir « faire passer l’intérêt national de l’Australie en premier » sur « les conseils des services australiens de renseignement et de défense. »
Néanmoins, de nombreuses zones d’ombre accompagnent cette rupture unilatérale de contrat :
-On notera, par exemple que le jour même de la création de la nouvelle alliance AUKUS , le porte-parole du ministère australien des Armées avait envoyé à Paris un tweet pour préciser que les Australiens « étaient satisfaits des performances atteignables par le sous-marin et par le déroulement du programme. En clair : En avant pour lancer la prochaine phase du contrat ! »
Pour le ministère français des Armées, le sous-marin « répondait aux besoins australiens » Avec ses 5 à 6 000 tonnes il était « suffisamment important pour permettre le rayon d’action demandé pour les opérations navales australiennes. » , étant de classe océanique , avec de très grandes capacités d’autonomie et de distance franchissable.
Les relations entre les deux pays se sont dégradées lorsque le quotidien australien Daily Telegraph rendait public le contenu des échanges que venaient d’avoir le président Emmanuel Maron, et le Premier ministre australien Scott Morrison.
Le président Macron se montre prudent dans ses réactions publiques. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal commente l’entretien à distance entre les présidents Joe Biden et Emmanuel Macron, en faisant état d’une « conversation honnête qui a permis plusieurs gains importants » , annonçant que Joe Biden « a reconnu la responsabilité des Etats-Unis dans la crise » , ajoutant : »Ce qui n’est pas banal. »
Le ministre français de l’économie , Bruno Le Maire a été plus direct , estimant que cette crise montrait que l’Union européenne ne pouvait « plus compter » sur les Etats-Unis pour garantir sa protection , en appelant les Européens « à ouvrir les yeux. » Il concluait que « l’Union européenne doit construire son indépendance stratégique » en ajoutant que : »L’épisode afghan, l’épisode des sous-marins, montrent que nous ne pouvons plus compter sur les Etats-Unis d’Amérique pour garantir notre protection stratégique ».
Mais ces appels français à l’Europe ne dénotait nullement une unanimité européenne alors, par exemple que le premier ministre danois indiquait « ne pas comprendre du tout » les critiques françaises, estimant que Joe Biden avait été « très loyal. »
Le chroniqueur Jean-Michel Bezat du quotidien français Le Monde estime alors que : »L’Australie inscrit la modernisation de sa flotte de sous-marins dans une alliance diplomatico-militaire plus protectrice que celle avec la France. »
NB : Dans cette affaire se mêlaient plusieurs paramètres : des intérêts économiques et stratégiques, la protection européenne par l’OTAN, un transfert du centre économique mondial dans le pacifique, et plusieurs tentatives de mobilisation des opinions publiques françaises et internationales.
Cet imbroglio a eu n impact sur la participation du président américain Joe Biden au G20 à Rome les 30 et 31 octobre , puis à la COP26 début novembre à Glasgow.
La région indopacifique, nouveau champ d’affrontements internationaux
Le 22 septembre, à la demande du président américain , un entretien téléphonique avec le président français devait permettre d’examiner « les conséquences de l’annonce faite le 15 septembre » de rupture du contrat français de vente de sous-marins à l’Australie.
A l’issue de cet entretien, un communiqué conjoint franco-américain estimait que l’ouverture de consultations « entre alliés sur les questions d’intérêt stratégique pour la France et les partenaires européens auraient permis d’éviter » cette crise des sous-marins.
Pour l’avenir, les deux chefs d’Etat décident de « lancer un processus de consultations approfondies visant à mettre en place les conditions garantissant la confiance et à proposer des mesures concrètes pour atteindre des objectifs communs. »
Entre temps il était mis fin à la rupture des relations diplomatiques.
Parmi les engagements pris par Washington le communiqué conjoint mentionnait que « les Etats-Unis réaffirment que l’engagement de la France et de l’Union européenne dans la région Indo- Pacifique revêt une importance stratégique, notamment dans le cadre de la stratégie de l’Union européenne pour la région Indo-Pacifique. »
De plus, les Etats-Unis « reconnaissent l’importance d’une défense européenne plus forte et plus capable, qui contribue positivement à la sécurité globale et transatlantique et est compatible avec l’OTAN. »
Enfin, « Les Etats-Unis s’engage nt à renforcer leur appui aux opérations antiterrorisme conduites par les Etats européens dans la région du Sahel, dans le cadre de leur lutte commune contre le terrorisme. »
NB : Il s’avère que Washington a saisi l’occasion de la « crise des sous-marins français » pour inciter à recadrer la stratégie, non pas seulement de la France, mais plus généralement celle des pays de l’Union européenne, dans le cadre du nouveau rapport de force dans la région Indo-Pacifique, celle de l’Australie, dans laquelle s’affronteront à l’avenir les deux premières puissances mondiales Etats-Unis et Chine.
La France, l’Union européenne, alliés des Etats-Unis , dans le cadre de l’OTAN ne pourront plus ignorer à l(avenir ce nouveau contexte des affrontements internationaux, en faisant « bande à part. »
Les recadrages géostratégiques en Indo-Pacifique :
Après un entretien avec Joe Biden à Rome, Emmanuel Macron a multiplié les rencontres avec la vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris les 10 et 11 novembre à Paris. Pour relancer durablement la confiance et la coopération entre Paris et Washington.
En réalité depuis le début de l’année 2021 il était patent que pour des raisons stratégiques et de politique australienne dans sa région, le programme de sous-marins français de classe océanique « Future Submarine Programme » était compromis , et pas seulement des faits des incessantes modifications apportées au contrat par l’Australie , de la faiblesse de la sous-traitance locale et de dérives des couts, dans le cadre du cahier des charges, mais également du fait de l’offensive du concurrent allemand TKMS qui visait pour les Pays-Bas un contrat semblable à celui de la France pour l’Australie .
Si en termes stratégiques et industriels, le contrat français proposé en 2016 à Cambera se présentait comme étant « gagnant-gagnant » la France ne cachait pas vouloir investir au cœur de la zone Indo-Pacifique, en prenant pied en Australie.
Mais s’était sous-estimer la dépendance de Cambera envers Washington, et de développements inattendus en Afghanistan . Le Premier ministre australien se contentait de justifier son revirement envers la France par « un changement de besoin » de sous-marins conventionnels de la classe Attack contre un projet de Sous-marin nucléaire d’attaque-SNA , pour lequel il n’était pas évident que l’Australie ait eu toute les capacités d’accueil et d’utilisation. En technologie navale, il était également patent que l’Australie ne possède aucune base industrielle et technologique en marine militaire et encore moins dans le nucléaire civil, sachant que la Royal Australian Navy qu’a pas d’autonomie pour utiliser de tels sous-marins, faute d’assistance de la part de l’US Navy.
Au-delà des péripéties de dédommagements de rupture de contrat, la France sort de cet épisode avec un fort handicap en Indo-Pacifique. Sa présence aurait dû commencer par des fournitures moins volumineuses et « conquérantes » . La coopération militaire française et européenne dans la région se devait d’être progressive, par « petits pas » et non pas « spectaculaire » à caractère « prétentieux ». Elle aurait dù dès le départ s’appuyer sur une implication dans le cadre de l’Union européenne de la Défense, qui aurait donné à la zone Indo-Pacifique l’opportunité de se distendre de la protection américaine exclusive . La « hâte « française a fait manquer le coche.
**Le Pakistan attaque la France :
La ministre pakistanaise « des Droits de l’Homme » , Shireen Mazari accusait le 22 novembre 2020 le président de la République française, Emmanuel Macron d’infliger « aux musulmans dans son pays, ce que les nazis infligeaient aux juifs » , en affirmant que « les enfants musulmans devront avoir un numéro d’identification, comme les juifs étaient forcés de porter l’étoile jaune sur leurs vêtement pour être identifiés. »
Depuis septembre 2021, le Pakistan est le théâtre de manifestations anti-françaises , souvent agressives, stigmatisant la publication de caricatures du Prophète dans Charlie Hebdo. Plusieurs milliers de manifestants s’étaient réunis aux portes d’Islamabad en signe de protestation contre le président français qui avait défendu la liberté d’expression , lors de l’hommage à l’enseignant Samuel Paty, égorgé sauvagement pour avoir montré les dessins de Charly Hebdo à ses élèves.
A Paris, le ministre français des Affaires étrangères a dénoncé « les propos » tenus par un membre du gouvernement pakistanais, qualifiés de « profondément choquants et injurieux » envers le président de la République française. Ces propos ont été qualifiés par Paris de « détestables » , de « mensonges éhontés, empreints d’une idéologie de haine et de violence. »
**La Russie de Poutine multiplie dangereusement les tensions pour tenter de s’imposer :
A la recherche d’un bras-de-fer avec Washington :
Vladimir Poutine marque le 24 décembre par une tentative de bras-de-fer avec les Etats-Unis, au cours d’une conférence de presse de quatre heures à Moscou. Il présente en particulier deux projets de traité pour « bannir tout élargissements de l’Alliance atlantique notamment à l’Ukraine « pour « mettre fin aux activités militaires occidentales à proximité des frontières russes. » Pour Poutine, qui se présente comme l’héritier de l’Empire soviétique disparu, « il ne doit y avoir aucune avancée de l’OTAN vers l’Est. » Il menace : »La balle est dans leur camp, ils doivent nous répondre. »
Devant le silence de l’OTAN, Vladimir Poutine – dans la droite ligne de la stratégie qu’avait utilisé avant lui l’Union soviétique , jouait tout en même temps la désinformation et la main tendu.
Ainsi il annonçait à son opinion publique une « réaction positive » des pays occidentaux après l’annonce qu’il avait faite de l’ouverture de négociations sur l’OTAN. Il déclarait contre toute attente, le 23 décembre , qu’il était à la veille de discussion- en janvier suivant- avec Washington sur la base des propositions russes transmises une semaine plus tôt. . Dans le même temps Moscou accompagnait ses propositions de menaces militaires en Ukraine.
Washington n’avait confirmé que des entretiens téléphoniques avec des interlocuteurs russe de seconde zone, estimant que le « demandeur » était Moscou, pas Washington.
Au cours de la dernière semaine de 2021, sur fond de bruits de bottes, Moscou assurait que « des mercenaires américains » préparaient des « provocations » dans le Donbass , y compris avec des armes chimiques, et installaient des « positions de tir » Dans des immeubles d’habitation de Moscou. Dans une conférence de presse, Poutine mettait en œuvre la tactique soviétique qu’il connait bien, en affirmant que l’origine de la crise actuelle avec l’Occident remonte aux années 1990, et aux promesses non tenues par l’Occident, , ajoutant : »Ils mentent tout le temps » Devant la presse internationale Vladimir Poutine résumait à sa manière « le problème fondamental des Occidentaux qui reste que la Russie est toujours trop grande pour eux(…) Ils ont toujours voulu la faire éclater. »
Vladimir Poutine, qui se veut l’héritier de l’Union soviétique, a arrêté l’histoire de son pays et de sa région , à la veille de la chute du Mur de Berlin, et de la disparition de l’Union soviétique. Un aveuglement très dangereux pour l’Europe et pour la paix au Moyen-Orient.
Poutine rejoue solitairement l’ancienne Guerre froide Est-Ouest, et la restauration de la sphère d’influence de l’ancienne Union soviétique en remettant au premier plan l’Organisation du traité de l’Atlantique nord-OTAN qui était tombée en désuétude en même temps que la présence américaine dans cette région. Il n’en fallait pas plus pour que le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg , retrouve dans les premiers jours de 2022 les feux de l’actualité à Bruxelles. Le président Macron devait être soulagé lui qui avait exprimé la crainte que l’OTAN soit en état de « mort cérébrale. »
Il martèle que la Russie ne tolèrera aucun système d’armement occidental « sur le pas de (sa) porte », faute de quoi il menaçait de prendre « des mesures militaires et techniques. »
Vladimir Poutine appuyait ses menaces en laissant entendre que « la Russie est suspectée de préparer une invasion en concentrant à sa frontière plus de 100 000 soldats russes.
Interrogé sur la répression contre l’opposition russe qui s’était considérablement accentuée en 2021, Poutine accusait des « opérations d’influence étrangères » qui, selon lui, avait dans le passé entrainé la chute de l’URSS trente ans plus tôt.
A propos de la persécution et de l’arrestation du principal opposant Alexeï Navalny, , qualifié d’ »extrémiste » , Pouline – l’ancien du KGB- a répondu en le reléguant au rang de « criminel. »
La première réaction est venue de la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss qui condamne « la rhétorique agressive et incendiaire du Kremlin à l’encontre de l’Ukraine et de l’OTAN. »
Des intimidations dangereuses
En annonçant le 24 décembre un essai réussi d’une salve de missiles hypersoniques Zircon, , que Moscou qualifiait d’ »arme invisible » , Vladimir Poutine veut placer la Russie parmi les grandes puissances militaires.
C’était la première fois que Moscou annonçait publiquement le lancement d’une « salve » de Zircon. Le premier tir avait pourtant eu lieu discrètement en octobre 2021 . D’autre essais avaient été effectués dans l’Arctique russe, notamment à partir de la frégate Amiral Gorchkov et d’un sous-marin en immersion. Le dernier tir d’essai de ce missile remontait au 16 décembre 2021.
Alimentant cette politique de tensions avec les pays occidentaux, Poutine avait également multiplié des annonces de mise au point de nouvelles armés dites « invisibles » , d’une portée maximum d’environ mille kilomètres qui devaient prochainement équiper les navires de surface et les sous-marins de la flotte militaire russe.
C’est en décembre 2019 que les premiers missiles hypersonique de nouvelle génération « Avangard » , capables d’atteindre une vitesse de Mach-27 et de changer automatiquement de cap et d’altitude , avaient été mis en service au sein de l’armée russe.
Inquiétudes françaises
En Méditerranée orientale, la marine française se trouve directement confrontée à une montée en puissance de la présence militaire russe.
Dans cette zone, le bâtiment français l’Aconit est aux avant-postes de deux tensions qui progressent en parallèle depuis 2015 de manière préoccupante : La guerre en Syrie, et les provocations de la Russie au millier de navires turcs et en présence discrète d’une flotte iranienne.
L’Aconit a pour mission principale d’apporter son soutien, à partir de la mer, à l(opération « Chammal » qui est le volet français de l’intervention dans la zone irako-syrienne , menée par les Etats-Unis et une coalition de soixante-dix pays contre l’implantation transfrontière de l’Etat Islamique-EI. La mission de renseignement de l’Aconit double une autre opération dite « Souveraineté » dont l’objectif est la libre circulation maritime dans les eaux de cette région. . L’Aconit a en particulier la mission de surveiller une base devenue névralgique dans la région, le port de Tartous.
Depuis 2013, la Russie opère de manière croissante à partir de ce port syrien , dans lequel elle bénéficie officiellement depuis 2019 d’une concession qui lui permet un accès sans limites de ses navires de guerre.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian souligne à ce propos que « Nos concurrents n’ont ni tabous ni limites. » Il estime que la tension créé à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne est provoquée , en instrumentalisant la question migratoire par un dictateur, de tenter de déstabiliser l’Union européenne. . Il estime qu’il faut traiter cette manipulation comme une « provocation cynique et organisée. » . Il suggère que face à cette situation « il nous faut afficher une très grande fermeté et une très forte solidarité à l’égard des pays européens qui sont victimes de ces manipulations. »
Dans une première phase, au Sommet européen tenu à Bruxelles le 24 juin 2021, le président français Emmanuel Macron avait prôné un dialogue « ambitieux » et « exigeant » avec la Russie , de manière à « ne rien céder sur nos valeurs. » Pour le chef de l’Etat français « nous ne pouvons pas rester dans une logique purement réactive à l’égard de la Russie, au cas par cas. »
Dans une opération de désinformation et de division de l’Europe, le porte-parole du Kremlin se déclarait « favorable à une (prétendue) proposition franco-allemande visant à relancer au niveau européen les contacts directs » avec la Russie. . Il affirmait que « Bruxelles et Moscou ont besoin de ce dialogue » , une tentative d’écarter la France. Cette même tactique a tenté plus tard pour un « dialogue direct » avec les Etats Unis.
**La Chine demeure une source de tensions :
La Chine n’est pas sur son terrain Indo-Pacifique en ouvrant une « guerre hybride » contre la Lituanie et l’Union européenne.
La diplomatie qualifie de « guerre hybride » une tension entretenue entre la guerre et la paix. Ainsi, pour sanctionner la Lituanie qui s’était rapprochée de Taïwan, Pékin mène une véritable « guerre économique « à ce petit Etat balte, et en conséquence à l’Union européenne.
En ouvrant fin novembre à Vilnius un « Bureau de représentation de Taïwan » la Lituanie a provoqué la multiplication des actes de représailles de Pékin . Outre le rappel de son ambassadeur à Vilnius et l’expulsion de l’ambassadrice de Lituanie en Chine, Pékin réduisait sa représentation diplomatique à Vilnius. Le 14 décembre, les diplomates lituaniens en poste à Pékin sont contraints de rendre leur accréditation diplomatique.
Alors que les échanges commerciaux avec certaines entreprises européennes étaient interrompues, , le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères niait l’existence de cet embargo, affirmant que la Lituanie « a agi de mauvaise foi (…) en donnant la fausse impression qu’il y a une Chine et un Taïwan(…) La Chine défendra ses intérêts. »
Pékin impose de fait un embargo sur certains produits seulement. Le Parti communiste chinois précisait le 21 décembre : « Par exemple, les Etats-Unis ont mis Huawei sur une liste interdisant à toute entreprise étrangère de semi-conducteurs de lui vendre des puces électroniques ayant été développées grâce à des technologies américaines sans avoir au préalable obtenu l’autorisation , ce qui est de fait un embargo. »
*En France, le chef d’état-major de la marine , l’amiral Pierre Vandier s’inquiétait du « comportement conquérant » de la Chine concernant les eaux territoriales du Japon . Il soulignait qu’ »il t a une grande communauté de vues entre les autorités japonaises et nous sur la politique Indo-Pacifique. ».
Devant ce qui a été qualifié d’expansionnisme et de militarisme chinois dans les espaces maritimes, l’amiral Vandier a noté que « le rapport de force militaire est en train d’évoluer extrêmement rapidement » , le nombre de plateformes navales chinoises ayant dépassé celui de l’US Navy.
La France se déclare également préoccupée en terme de liberté de navigation par « la poldérisation de la mer de Chine et la sanctuarisation des eaux territoriales afférentes du fait de la poldérisation » , une préoccupation portée devant les Nations unies.
Pour l’amiral français , « la Chine a un comportement très conquérant » en matière d’eaux territoriales.
Il faut se souvenir qu’en avril 2019, la frégate de surveillance française « Vendémiaire » avait été accusée par Pékin d’avoir franchi « illégalement » le détroit de Taïwan,
La France, avec les pays riverains, entend pouvoir continuer à utiliser les espaces maritimes, dans le cadre du droit international.
Les tensions entre Pékin et Paris remontent en réalité à juin 2020 lorsque la Chine adressait une mise en garde à la France, au lendemain d’une déclaration du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian qui avait annoncé « des mesures » en réaction à la politique de Pékin envers Hong Kong.
Le porte-parole de la diplomatie chinoise avait alors déclaré devant la presse internationale que « les affaires de Hong Kong relèvent des affaires intérieures de la Chine et aucun pays n’a le droit de s’en mêler. »