La Newsletter en ligne du CRIF a interrogé Gérard Fellous en septembre 2010 à la suite de la parution de son ouvrage
*Que reste-t-il aujourd’hui de l’héritage de René Cassin ?
*Le principal héritage de Cassin, celui de l’affirmation de l’universalité des droits de l’homme, introduite dans la Déclaration de 1948, est en effet à nouveau menacée aujourd’hui. Cassin avait connu une situation semblable lorsque cette universalité fut contestée par l’URSS et le monde communiste, qui finalement implosèrent. Aujourd’hui c’est la Chine, ou l’Iran qui, au nom du relativisme culturel ou religieux, tentent de provoquer un choc Nord-Sud et de réécrire la DUDH à l’aune du particularisme culturel ou de la Chariaa. La démarche est finalement la même, celle de masquer les violations dont ces pays sont les auteurs.
Mais l’héritage de René Cassin est solidement ancré dans le droit international. Celui-ci s’est enrichi, en 60 ans, de plus de 80 déclarations ou traités relatifs aux droits de l’homme (pactes, instruments généraux ou spécifiques…), de nombreuses conventions régionales, une multitude de lois nationales et de dispositions constitutionnelles, formant un système global juridiquement contraignants.
*Que faire pour lutter contre la menace sur les droits de l’homme ?
*L’œuvre de René Cassin et l’édifice juridique international qui a été construit doivent être protégés et défendus, contre les coups de butoirs des dictatures et des théocraties qui les menacent chaque jour. Le combat pour les droits de l’homme ne sera achevé que lorsque la Démocratie s’installera dans tous les pays du globe. C’est donc à une vigilance constante, celle de la société civile, des ONG, des intellectuels, des experts, des acteurs politiques, qu’il faut appeler, particulièrement dans les forums des Nations unies. Ces combats pacifiques méritent que l’on s’y engage résolument, pour ne pas laisser le terrain libre aux violateurs de toutes natures. Des « associations René Cassin » devraient être créées, et obtenir leur accréditation dans les instances multilatérales des droits de l’homme.
*Israël sera-t-il toujours un bouc émissaire ?
*La multitude de résolutions onusiennes condamnant Israël est l’illustration même des tentatives constantes d’instrumentaliser les droits de l’homme à des fins politiques. L’objectif est de délégitimer l’Etat d’Israël, créé par une volonté de la communauté internationale, de le marginaliser afin de justifier le terrorisme, les attaques contre les civils, les guerres menées contre lui. La première phase pour détruite Israël est de l’écarter de la famille des Nations. Le combat pour la survie d’Israël n’est pas seulement mené avec les armes, il doit être également entrepris dans les instances internationales, avec le droit multilatéral, et non pas par la « politique de la chaise vide ».
*Avec le recul, quelles leçons tirez-vous de Durban II ?
* La conférence d’examen sur le racisme, dite Durban II (Genève ; 20-24 avril 2009) en est une illustration. Les pays occidentaux, un certain nombre de pays sud-américains, asiatiques et africains, se sont spontanément regroupés pour dire « non » aux diatribes de Mahmoud Ahmadinejad, pour empêcher- en dernière minute- l’Organisation de la conférence islamique de qualifier Israël d’Etat raciste et prôner sa destruction. Si la résolution finale a pu ainsi être acceptable, le danger peut revenir aujourd’hui ou demain face à de nouvelles tentatives des revanchards. Il ne faut pas déserter le terrain. Il faut se préparer à de nouveaux combats diplomatiques dans les instances internationales. Ainsi, les ennemis d’Israël n’auront pas le dernier mot.