Au lendemain de l’adoption définitive de la loi sur les retraites, et à l’issue de semaines de manifestations sur la voie publique, de grèves et de tentatives de paralyser l’économie du pays, quatre questions se posent :
- Les syndicats français peuvent-ils affirmer représenter ou refléter l’opinion de l’ensemble des syndiqués ou même de la totalité des citoyens français ?
- Ont-ils un poids, ou une légitimité pour remettre en cause le processus de consultations politiques démocratiques ?
- Ont-ils été instrumentalisés par les milieux politiques de l’Extrême-Gauche, ou de l’Extrême droite ?
- Le syndicalisme français est-il le plus puissant d’Europe ?
Faible recrutement constant des syndicats.
Le paysage syndical français s’est transformé depuis 1945. Au cours des quatre vingts dernières années, le taux de syndicalisation a été divisé par quatre en France. Pour autant, la présence institutionnelle des organisations syndicales de salariés s’est renforcée : En 2004, plus de la moitié des salariés déclarent qu’un syndicat est présent dans leur entreprise ou leur administration . La plupart des organismes de protection sociale sont gérés de façon paritaire.
Depuis le milieu des années des années quatre-vingt-dix le recul des effectifs syndiqués stagnait.
La dernière décennie est principalement marquée par la poursuite des implantations syndicales, et par une reconfiguration des rapports entre organisations syndicales : La présence syndicale et la syndicalisation deviennent beaucoup plus fortes dans le secteur public que dans le privé.
De plus, les syndiqués sont absents dans certains secteurs, ainsi que dans les établissements de moins de 50 salariés qui emploient près de la moitié des salariés du privé.
Dans le public, comme dans le privé, le développement de la flexibilité constitue un frein à la syndicalisation.
La syndicalisation des salariés en France n’a cessé de baisser depuis 1949 passant d’environ 30%des actifs en 1950 , à 20% en1953, tombant à 25% en 1970, puis à 15% en 1980 , à moins de 15% en 1987, puis à moins de 10% à partir de 1990, parmi lesquels 8,4 % sont issus du secteur privé. et moins de 9% en 2 000 parmi lesquels environ 19% dans la fonction publique et seulement 8% à 9% dans le privé. Dans ce secteur 7,5% des cadres sont syndiqués, et 5% des ouvriers.
Dans les entreprises de plus de 50 salariés, la participation aux élections professionnelles est en moyenne de 43% des inscrits, ce qui pèse dans les négociations internes avec les employeurs.
Dès le début du XXIe siècle, la syndicalisation est toujours en repli : En 2019, 10,3% déclarent adhérer à une organisation syndicale, soit 0,9 % de moins qu’en 2013 . Cette syndicalisation baisse de 1,4 points dans la Fonction publique à 18,4% , et de 0,9 points dans le secteur privé, à 7,8%, selon une étude de Dares. Cette baisse de la syndicalisation touche davantage les cadres de la Fonction publique et les professions intermédiaires du privé , concernant les hommes et les salariés d’âge intermédiaires . Ce recul du taux de syndicalisation s’accompagne d’une faible participation des salariés aux élections professionnelles et aux activités syndicales.
Dans le secteur privé, la proportion de salariés encartés dans un syndicat est beaucoup moins importante que dans le public même si la baisse est faible, passant de 8,7% à 7,8% , particulièrement dans les professions intermédiaires.
Ainsi, en France, moins d’un salarié sur dix est syndiqué, mais plus de neuf salariés sur dix bénéficient d’une convention collective.
Le budget des syndicats français n’est alimenté par les salariés qu’à 20 à 30% , leur financement provenant essentiellement de subventions publiques ou indirectement de caisses de retraites , de mutuelles ou d’organismes de formation.
Composition du syndicalisme en France dans les années 2 000 :
Cinq confédérations syndicales ont été reconnues comme étant « représentatives de droit » par un arrêté du 13 mai 2013, au niveau national et interprofessionnelle , dans l’ordre décroissant :
** Confédération française démocratique du travail (CFDT) , avec 26,37% des voix
** Confédération générale du travail (CGT) , avec 24,85%
** Confédération générale du travail-Force ouvrière (CGT-FO), avec 15,59%
** Confédération française de l’encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC) , avec 10,67%
** Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) , avec 9,49%.
Quatre sont affiliées à la Conférence européenne des syndicats- CES.
Les adhérents à ces Confédérations sont regroupés par branches professionnelles appelées « Fédérations », ainsi que par zones géographiques (Unions régionales et Unions départementales. )
Mais le monde syndical est plus large avec sept organisations interprofessionnelles qui n’ont pas obtenu une « représentativité de droit », à savoir :
*Fédération syndicale unitaire-FSU
*Union nationale des syndicats autonome-UNSA
*Union syndicale solidaire-USS, regroupant entre autres les syndicats SUD, SNJ ou SNUI (anciennement G10)
*Confédération nationale du travail-CNT
*Confédération nationale du travail-Association internationale des travailleurs -CNT.AIT
*Confédération nationale des travailleurs-Solidarité ouvrière-CNT.SO
*Confédération autonome du travail-CAT.
Tous ces syndicats français sont actifs avec chaque année la conclusion de plus de 1 000 accords de branche et près de 35 000 accords d’entreprises.
Place du syndicalisme français en Europe et dans le monde.
Le taux de syndicalisation français est très bas à l’international :
En 2022, avec un taux de syndicalisation globale de 7,9 %, la France est le troisième pays le moins syndicalisé de l’OSDE-Organisation de coopération et de développement économiques , et le dernier dans l’Union européenne, selon les constats du ministère français du Travail qui, en 2013, avait évalué à 8% le nombre global de syndiqués français.
En Europe, pour son taux de syndicalisation, la France vient ainsi après les pays suivants :
–Finlande : 69% (taux établi en 2011)
–Suède : 67,7% (2013)
–Danemark : 67,6% (2010)
–Norvège : 54,7% (2012)
–Belgique : 50,4% (2011)
–Luxembourg : 37,3% (2008)
–Italie : 35,6% (2011)
–Irlande : 29,6% (2013)
–Autriche : 27,8 % ( 2011)
–Grèce : 25,4% (2011)
–Royaume-Uni : 25,4% (2013)
–Slovénie : 24,4% (2011)
–Portugal : 19,3% (2010)
–Pays-Bas : 18,2% (2011)
–Allemagne : 18% (2011)
–Slovaquie : 17% (2011)
–République Tchèque : 17% (2009)
–Hongrie : 16,7% (2008)
–Espagne : 15,6% (2010)
–Pologne : 14,6% (2010)
–Estonie : 8,1% (2010)
Hors pays européens :
–Canada : 27,2% (2013)
–Japon : 17,8% (2013)
–Etats-Unis :10,8% (2013)
Au regard de ces informations objectives et techniquement indubitables, chacune et chacun est invité , en conformité avec ses convictions personnelles, à répondre, en toute liberté, aux questions posées en préambule…